Bâtonnat Paris 2016 : Patrice Rembauville-Nicolle

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Patrice Rembauville-NicolleLe Monde du Droit a interrogé Patrice Rembauville-Nicolle sur sa candidature au bâtonnat de Paris.

Pourquoi vous présentez-vous ?

Je n’avais pas l’intention de présenter ma candidature au bâtonnat de Paris.
Ma candidature est une candidature de réaction et de protestation contre celle de Laurent Martinet, actuel vice-bâtonnier, et Marie-Alix Canu-Bernard annoncée le 18 mars dernier.
Cette candidature est déloyale et scandaleuse.
Cette 'magouille' de prolongement du délai, ce n’est pas convenable !

Pourquoi vous présentez-vous seul sans vice-bâtonnier ?

La fonction de vice-bâtonnier est inutile et coûteuse.
C’est le résultat d’une farce créée par le binôme Castelain/Le Borgne qui a bien fonctionné contrairement aux binômes suivants.
Rappelons que lors de ce bâtonnat, il a fallu que la Chancellerie adopte un décret la veille de l’élection de confirmation pour inscrire le vice-bâtonnier dans les textes !
Le conseil compte 42 membres : c’est suffisant si tous travaillent et si les délégations sont correctement distribuées.

Quelle doit être la place du barreau de Paris dans les institutions de la profession ?

Toutes les composantes de la profession sont représentées au sein du Conseil national des barreaux (CNB). Le barreau de Paris ne représente que lui-même. Les querelles d’egos sont insupportables.
A partir du moment où les textes disent que le CNB est le représentant de la profession d’avocats, le barreau de Paris doit respecter la loi et rester à sa place.
Or, ce que l’on constate c’est que le CNB est continuellement concurrencé par le barreau de Paris.
Il faut que cela cesse !
Le barreau de Paris qui est, certes, le plus important et influent barreau français en raison des membres qui le composent, doit institutionnellement demeurer au même rang que les autres barreaux. S’il veut peser davantage dans les institutions, qu’il le fasse légalement et qu’il joue pleinement son rôle au sein du CNB.

Quels sont les principaux axes de votre programme ?

Tout d’abord, il faut réduire les dépenses inutiles.
Ensuite, renforcer les moyens de soutien des jeunes cabinets et il faut également, c’est un sujet d’actualité, aider les plus démunis et les plus aventureux à prendre leur envol au travers de la pépinière gravement menacée .
Et continuer, bien sûr, à développer nos relations à l’international avec plus d’efficacité et moins de poudre aux yeux !
Enfin, il me semble que l’aspect le plus important pour une profession réglementée c’est la déontologie et la discipline qu’il faut renforcer sans oublier de développer les rapports avec les juridictions qui, pour une part, relèvent de la déontologie. Tous ces sujets entrent dans les prérogatives du Bâtonnier.

Etes-vous favorable à l'interprofessionnalité ?

Oui, je suis favorable à l’interprofessionnalité qui est inscrite dans la loi.
Nous avocats, sommes assez bêtes pour nous quereller sur des sujets sans importance comme l’avocat en entreprise par exemple qui ne concerne qu’une petite minorité de juristes et d’avocats d’affaires sans d’ailleurs que les objectifs des uns et autre soient clairement identifiés .
Lorsque j’ai présidé la commission du périmètre du droit quand je siégeais au conseil de l’Ordre, je me suis occupé de la querelle du chiffre et du droit. Cela a échoué à cause des avocats car nous étions incapables de nous entendre.
Nous avons les moyens d’aboutir à une complémentarité.
De même, nous pourrions tout à fait prévoir une formation pour les avocats à la pratique de l’expertise comptable, ce qui conduirait à limiter les causes de frictions et d’empiètements.

Qu'avez-vous de plus que les autres candidats ?

Je dis la vérité ! Je n’ai pas la langue de bois.
Prenez les autres candidats ulcérés par la candidature du vice-bâtonnier, ils ne disent rien.
"C’est la démocratie qui tranchera" selon eux. Ce n’est pas ma position…Un avocat déloyal une fois élu reste un avocat déloyal et la démocratie ne le lave pas de ce vice contraire à notre déontologie !
Enfin, mon expérience, ma connaissance des problèmes de la profession d’avocat et de ses instances sont suffisantes pour l’exercice de la fonction de bâtonnier.

Propos recueillis par Arnaud Dumourier(@adumourier)

A propos

Patrice Rembauville-Nicolle est avocat au Barreau de Paris depuis 1973.
Il est avocat d’affaires exerçant en droit maritime et aérien, droit de l'espace, droit des transports et en arbitrage.
Il a été membre du Conseil National des Barreaux (mandatures 1996-1999, 2000-2002 et 2006-2007) et membre du Conseil de l'Ordre de paris (2003 - 2005)