Armand Grumberg (Skadden) : "L'investissement activiste a récemment connu une augmentation spectaculaire en Europe"

Interviews
Outils
TAILLE DU TEXTE

Armand Grumberg, managing partner de Skadden ParisLe Monde du Droit a interrogé Armand Grumberg, managing partner de Skadden Paris, à propos du rapport sur l'activisme en Europe, publié par Activist Insight en collaboration avec Skadden, qui montre que l’investissement activiste en Europe devrait atteindre des niveaux records en 2016.

Comment expliquer ce niveau record de l'investissement activiste ?

Longtemps considéré comme un phénomène purement anglo-saxon, l'investissement activiste a récemment connu une augmentation spectaculaire en Europe, notamment au premier semestre 2016 avec 64 sociétés ciblées. Ce changement s'explique en partie par l'adoption de méthodes développées aux Etats-Unis et qui y ont connu un grand succès. On note également un accroissement du rôle des fonds activistes européens, avec une augmentation constante de la valeur de leurs actifs gérés et leur importance dans l'initiation des campagnes activistes en Europe. En 2015, ils étaient à l'origine de deux tiers des campagnes ciblant les sociétés européennes.

Quelles sont les grandes tendances observées par cette étude ?

Rien qu'au premier semestre 2016, on dénombrait 64 entreprises ciblées par des investisseurs activistes, comparées aux 67 sur l'ensemble de l'année 2015. Et ce n'est pas terminé, puisque ce nombre pourrait atteindre 97 à la fin de l'année (un niveau record). De surcroît, toutes les campagnes activistes ne sont pas rendues publiques. Par ailleurs, les activistes européens ont été encore plus présents en 2016. 83% des campagnes activistes menées jusqu'à présent en 2016 l'ont été par des activistes européens. Toutefois, le Royaume-Uni demeure la principale cible des activistes, même si le nombre de campagnes a récemment évolué nettement à la hausse en Allemagne et en Italie.

Quelle est la situation en France dans ce domaine ?

Contrairement à ses voisins européens, la France demeure à ce stade moins ciblée par l'activisme actionnarial. Au premier semestre 2016, la France n'a connu que 4 campagnes activistes contre 24 au Royaume-Uni, 7 en Allemagne et 11 en Italie. Le poids des participations de l'Etat ou le contrôle du capital des entreprises par des familles sont des éléments permettant d'expliquer cette différence. Les entreprises françaises ne sont cependant pas à l'abri des campagnes activistes, même celles qui surperforment par rapport à leurs pairs. La situation pourra évoluer notamment par l'utilisation des nouvelles règles sur le "say on pay" par les activistes. En tout état de cause, la préparation en amont demeure primordiale.

Propos recueillis par Arnaud Dumourier (@adumourier)


Lex Inside du 21 mars 2024 :

Lex Inside du 14 mars 2024 :

Lex Inside du 5 mars 2024 :