Gilles Saint Marc, Associé, Kramer Levin Europe

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Gilles Saint Marc, Associé, Kramer Levin EuropeLe Monde du Droit a interrogé Gilles Saint Marc sur son arrivée au sein de Kramer Levin Europe en qualité d’avocat associé où il co-dirigera avec Hubert de Vauplane l'activité des modes alternatifs de financement et d'investissement.

Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre Kramer Levin ?

La décision de rejoindre Kramer Levin est le fruit d'une combinaison de facteurs. Le premier d'entre eux a été ma proximité, pour ne pas dire ma complicité, avec Hubert de Vauplane que j'ai croisé au cours des quatre dernières années et qui partage mes thématiques professionnelles : le développement des nouveaux modes de financement non bancaires en appui ou en complément du financement des banques, et en aucune manière contre elles. Ces nouveaux modes de financement prennent des formes très variées : les fonds de dette, les émissions ou prêts en placement privé (EuroPP ou USPP), les Fintech et en particulier les plateformes de crowdfunding, bref tous les modes de financement qui mettent en relation directe les détenteurs de capitaux avec les entreprises. La finance de marché reste encore à écrire en Europe.

Le second était la notoriété du Cabinet Kramer Levin : un cabinet américain excellent dans ces domaines de compétence, bénéficiant de l'expertise du bureau de NY dans le domaine de l'innovation financière et du bureau de la Sillicon Valley dans le domaine de l'innovation technologique, particulièrement important pour les Fintech.
L'objectif est d'offrir une pratique transverse sur toutes ces thématiques. Mais également une vision globale grâce à des partenariats forts pour être en mesure de créer des fonds de droit luxembourgeois si besoin, ou de fournir une analyse comptable et prudentielle. Le client doit pouvoir exprimer globalement ses besoins ; nous devons être en mesure d'y répondre également globalement.

Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?

J'ai commencé par travailler dans la finance en tant que financier. Et puis, n'étant pas suffisamment matheux, j'ai pensé que je serais plus efficace et utile en regardant la réalité financière sous son prisme juridique. L'avocat en droit financier est là pour donner une consistance sociale, c'est-à-dire une reconnaissance juridique voire judiciaire à ce qui n'est jusque-là qu'une évanescence. Autant dire qu'il faut bien comprendre la matière sous-jacente. Mais au-delà de la technique juridique, l'avocat financier est également stratège et homme "orchestre". Il doit "délivrer" dans un espace de temps contraint.

Qui a le plus influencé votre carrière ?

Mes clients. Ils sont au cœur de mes préoccupations. Je n'existerais pas sans eux. J'ose penser qu'ils ont pu se développer avec moi. De nombreux clients sont devenus des partenaires, voire des amis. Nous échangeons sur les sujets les plus variés, des livres en passant par le cinéma ou les problèmes d'éducation des enfants…

Quel est votre meilleur souvenir dans votre carrière ?

Le contentieux Cœur Défense (la mise sous sauvegarde du débiteur HOLD à la suite de la faillite de Lehman Brothers). Je représentais les créanciers qui avaient investi plus d'1,6 milliards dans le financement de cet actif immobilier emblématique (140.000 m2 de bureaux situés à La Défense). Ce dossier était très sensible compte tenu des enjeux pour la place de Paris et la finance structurée en France en général. La sauvegarde avait été manifestement instrumentalisée pour sauver, non l'entreprise qui n'existait pas (l'emprunteur était une SPV sans aucun salarié), mais l'actionnaire au détriment de mes clients créanciers. La lutte fût âpre puisqu'elle dura quatre ans, du Tribunal de commerce de Paris à la Cour de cassation, avec un retour devant la Cour d'appel de Versailles (cour de renvoi). Il a fallu tenir bon malgré les sirènes défaitistes et certains appels à la capitulation. La fameuse phrase de Churchill sur "le sang, les larmes mais la victoire au bout du chemin" m'a servi d'aiguillon. Nous avons obtenu gain de cause sur les sujets essentiels pour les créanciers et la place financière de Paris.

Quels sont vos domaines de compétences ?

Le droit bancaire et financier, avec un prisme particulier pour le conseil aux PME/ETI, la titrisation, les fonds de dette, les prêts ou émissions en placement privé (EuroPP ou USPP) et les Fintech.

Quelles sont, selon vous, les actualités marquantes de ces dernières semaines dans ces secteurs d'activité ?

Le mouvement général de désintermédiation du financement en Europe qui doit se poursuivre en appui ou en complément du financement des banques, et en aucune manière contre elles. Les banques ont évidemment une expertise sans égal dans la confection et l'origination des crédits mais les règles prudentielles rendent pour elles très onéreuses le portage du financement jusqu'à maturité. Il y a donc une spécialisation intéressante des tâches en fonction des avantages comparatifs de chacun dans la chaine du financement : les banques dans la confection des crédits, les investisseurs de long terme (assureurs, mutuelles, fonds de pension) dans la détention du financement.

Qui conseillez-vous ?

Les banques, les gestionnaires d'actifs et les investisseurs de long terme. J'ai également de plus en plus de plaisir à conseiller les entreprises (PME/ETI) dans leur stratégie de financement. Mon expérience comme conseil des banques au cours des 20 dernières années me permet, je pense, d'exprimer des demandes ciblées et raisonnables pour le compte des entreprises et d'aller plus vite dans la finalisation de la documentation. Cela suppose aussi d'aller sur le terrain dans les régions de France, au plus près des entreprises : finance désintermédiée se conjugue assez bien avec finance décentralisée.

Quels sont vos objectifs pour ce cabinet ?

Faire de Kramer Levin l'une des références à Paris dans le domaine du droit bancaire et financier.

Propos recueillis par Arnaud Dumourier (@adumourier)


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