Ténor du barreau, avocat des grands patrons, des artistes, Hervé Temime s’est illustré dans de nombreux procès sensibles tels que Clearstream, Liliane Bettencourt-François-Marie Banier, Roman Polanski... et scénarise, en toute discrétion, la passion dévorante qu’il voue à son métier depuis son plus jeune âge.
Elève brillant, Hervé Temime comprit très tôt qu’il serait avocat. Il étudie simultanément le droit, l’expertise comptable, entre à Science Po mais ne trouve pas dans cette école le sens qu’il souhaite donner à son engagement professionnel. Six mois avant la fin, il décide de se consacrer exclusivement au droit et poursuit ses études à Versailles, qui a une commission d’office dès la première année. Une révélation.
Trente-sept ans après sa première commission d’office, Hervé Temime n’a rien perdu de la ferveur qui l’animait à ses débuts et convoque, avec un amour certain, dignité, intégrité et loyauté dans chacune de ses défenses. Au-delà d’une posture, un état de l’être qui tient avant tout à une très haute estime de la fonction et à "un immense respect pour ce métier".
Par anti-conformisme peut-être, par goût du combat sûrement, Hervé Temime n’a "jamais, jamais, jamais crié avec les loups" et a toujours aimé prendre la position la plus minoritaire. Il faut qu’il parle, qu’il convainque, qu’il défende et ne lâche jamais rien. Une évidence, il est avocat. Mais ce dernier mot, il l’a aussi avec ses clients, et pas des moindres, Alain Afflelou, Bernard Tapie, Jacques Servier... des grands patrons, des hommes politiques aussi. Sur le terrain de la justice, Hervé Temime est le patron des patrons, habitué aux dossiers complexes, sensibles parfois sulfureux, a minima médiatique. Cette exposition et l‘expression avec les médias font d’ailleurs partie des éléments les plus difficiles à gérer dans un procès, selon l’avocat, tout comme l’interrogatoire des prévenus à l’audience, "l’avocat se met en danger en permanence, vous pouvez être l’artisan de votre propre malheur". Dans une profession profondément humaine dont l’issue peut-être tragique, l’imprévu est rarement bienvenu.
Dopé à l’humour, aux vibrations, nous l’imaginerions volontiers en artiste exprimant son intensité dans une discipline. Mais il n’en est rien. Proche des artistes, il vibre et ne cache pas sa résonnance aux émotions. Il partage avec eux un rêve, un idéal reposant parfois sur des failles profondes. Mais la ressemblance s’arrête là. Il les côtoie, les compte parmi ses amis, ses clients Catherine Deneuve, Nathalie Baye, Gérard Depardieu... mais son intensité, il l'investit dans ses plaidoiries et la partage avec ses confrères, avocats pénalistes, dans lesquels il trouve un véritable écho.
Pour ce vibrato du barreau, de nouvelles sensations s’invitent en 2008, lorsqu’il associe son collaborateur puis, l’année suivante, deux collaboratrices dans une volonté de "pérennisation du cabinet". Cette association est à la fois une reconnaissance de leurs compétences et de leur présence à une période qui l’a nécessitée. Hervé Temime, le nom, devient Temime la griffe. Ensemble, ils illustrent la fusion du pénal et du grand contentieux d’affaires, l’association de la "compétence technique et de la connaissance du combat judiciaire". Auparavant pointé du doigt, le pénal est aujourd’hui une valeur ajoutée qui témoigne d’une ténacité et d’un savoir-faire, sur laquelle Herve Temime entend bien raisonner.
Marie-Laure Fraux
