Frédéric Sicard, bâtonnier du barreau de Paris : interview (seconde partie)

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Dans cette seconde partie de l'interview accordée au Monde du Droit, Frédéric Sicard revient sur l'inscription de certains principes concernant les avocats dans la Constitution.

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On ne peut plus continuer à voir grignoter par petits bouts ce qui est le fondement de l'indépendance du barreau c'est à dire la nécessité de défendre nos concitoyens "

"En démocratie, vous avez une valeur fondamentale qui est la valeur du droit. La démocratie se gère par le droit. Vous voyez que dans les grands Etats émergents. Je pense au Brésil. Je pense également à un Etat plus développé qui est le Canada où la Cour Suprême est venue dire que c'étaient des valeurs fondamentales. Je pense également à la Tunisie. Le prix Nobel a été remis au Quartet qui comprend deux avocats parce qu'il y a notamment dans la Constitution, article 105, la reconnaissance de l'indépendance de la défense. On ne peut plus continuer à avoir tantôt un décret, tantôt une loi, tantôt une petite mesure. Je vois bientôt arriver le projet de Christian Eckert qui vient dire que les avocats fiscalistes auraient l'obligation de dénoncer leurs clients. On ne peut plus continuer à voir grignoter par petits bouts ce qui est le fondement de l'indépendance du barreau c'est à dire la nécessité de défendre les concitoyens. (...) On ne mettra fin à tout ceci que par une reconnaissance constitutionnelle", a affirmé Frédéric Sicard.  

"Je suis certain que nos observations qui ne se voudront que très techniques seront très utiles à la construction de ce nouveau code"

Sur la réforme du Code du travail, le nouveau bâtonnier de Paris a indiqué que "cette réforme est nécessaire". "Pas vraiment pour simplifier le droit du travail parce que nous sommes dans une situation, dans un monde où l'emploi est rare et cela restera toujours complexe. Mais il faut favoriser la lisibilité du Code du travail. S'il y a bien quelque chose que les avocats savent faire c'est d'expliquer ce qu'il y a dans un Code. Je crois qu'il faut attendre les grandes orientations qui seront celles des pouvoirs publics. Ils vont nous dire vers où ils veulent aller quoique moi, je pense qu'il faut qu'ils aillent vers l'Europe. Il faut qu'ils introduisent du droit européen dans les valeurs du Code du travail. Une fois que cela est acquis, il va quand même falloir dire comment l'on fait, comment on sort la boîte à outils pour que les choses avancent. Et çà les avocats savent faire. Il y a 20 % des avocats parisiens qui se consacrent au droit du travail. Et on voudrait reconstruire le Code du travail sans leur demander, sans les associer à ce qui est leur quotidien c'est à dire dénouer les fils du conflit pour essayer d'apaiser la société c'est ce qu'ils font au quotidien. Eux savent les éléments qui sont nécessaires. Et je suis certain que nos observations, qui ne se voudront que très techniques, seront très utiles à la construction de ce nouveau code."

"Avant même le printemps, nous aurons construit un fonds de soutien créatif qui permettra de donner un petit coup de pouce financier aux projets qui nous permettront d'aller de l'avant dans l'innovation."

Frédéric Sicard "souhaite encourager l'innovation pas à pas". "Avant même le printemps, nous aurons construit un fonds de soutien créatif qui permettra de donner un petit coup de pouce financier aux projets qui nous permettront d'aller de l'avant dans l'innovation.(...) Si c'est nécessaire, je souhaite que nous clarifions les règles de déontologie non pas pour les simplifier mais parce qu'il faut les adapter sans les changer. Les adapter à notre monde. Là, on va pouvoir réellement ouvrir les portes de l'innovation."