Le Monde du Droit a interrogé Delphine Jaafar et Alexis Werl, candidats au Conseil de l'Ordre du barreau de Paris pour le mandat 2020-2022.
Pourquoi vous présentez-vous ?
Nous pensons que l’Ordre doit être à la fois le reflet de la diversité du Barreau de Paris, et le ciment de son unité, malgré les différences de nos domaines d’intervention, de nos conditions d’exercice, ou encore de nos engagements. C’est un enjeu crucial pour pouvoir porter une parole forte et entendue lorsque cela est nécessaire.
Jusque-là, nous étions engagés au sein d’associations, notamment au niveau international : Delphine au sein notamment de la Conférence Internationale des Barreaux (CIB) et de l’Union Internationale des Avocats (UIA), Alexis au sein de l’International Bar Association (IBA). Nous nous sommes également investis dans la formation, et plus largement dans le dialogue entre les avocats et les autres acteurs de l’économie et de la société.
Nous nous présentons ensemble car nous nous connaissons depuis près de quinze ans, avec un regard toujours partagé sur la place de l’avocat parisien dans le système judiciaire, dans l’économie et dans le monde.
Aujourd’hui, nous souhaitons, ensemble, nous mettre au service de notre Ordre, après avoir vu des consœurs et confrères que nous estimons y porter des projets essentiels pour la profession.
Quels sont les principaux axes de votre programme ?
Candidats aux élections du Conseil de l’Ordre, nous ne portons pas de programme.
Nous souhaitons apporter notre regard et notre expérience sur trois thématiques qui nous sont chères : l’économie, l’international et le sentiment d’appartenance de tous les avocats à une même communauté.
Nous croyons que notre Ordre doit accompagner nos confrères, dans un environnement économique et social qui peut parfois, et à juste titre, sembler inquiétant, mais qui nous paraît aussi empli de promesses et d’opportunités. Nous souhaiterions apporter notre soutien à l’accompagnement des démarches entrepreneuriales, à travers notamment la formation initiale et continue, et à la valorisation du rôle de l’avocat comme acteur et comme facilitateur de la vie économique.
Nous portons tous deux une attention particulière, depuis de nombreuses années, à la question de la place du Barreau de Paris dans le monde.
Nous sommes fiers du soutien qu’apporte notre Barreau à travers le monde à tous nos confrères qui, par l’exercice même de leur profession, sont en danger. La préservation de nos Etats de droit, lorsqu’ils existent, est une préoccupation que nous avons tous, avocats, ici à Paris et ailleurs, en partage.
Nous sommes également fiers de notre appartenance à une tradition juridique forte, dans une ville où le droit est à la fois dans notre histoire et un enjeu d’innovation permanente. Nous croyons en la nécessité d’agir ensemble, pour promouvoir nos atouts et poursuivre les actions engagées au service de la construction du Barreau de Paris comme une place du droit.
Enfin et surtout, il est essentiel, à nos yeux, que soit maintenu le sentiment d’appartenance de tous les avocats parisiens à une même communauté, malgré nos différences. Cela tient à nos valeurs bien sûr, notamment le secret professionnel, mais pas seulement.
Quels dysfonctionnements observez-vous au sein de l’Ordre et que proposez-vous comme solutions ?
Plus qu’un dysfonctionnement, nous regrettons que tant de consœurs et confrères se sentent aujourd’hui éloignés de notre Ordre, ne semblent plus rien en attendre et ne participent plus aux élections.
Il nous faut, collectivement, trouver les outils, réanimer autrement la démocratie ordinale et entretenir tout au long de la carrière le lien entre les avocats et leur Ordre. Pour ne prendre que deux évènements extrêmement récents (sur ce mois de septembre 2020), le lancement de l’Agora (grande consultation ouverte à tous les avocats via une plateforme numérique) et l’organisation d’une job-fair sont, à notre sens, de vrais exemples à suivre.
Plus largement, la crise actuelle nous pousse à changer nos manières d’échanger. Cette année, la campagne prend une tournure inédite, avec bien moins de réunions physiques, et pourtant nous sentons déjà une volonté de partager malgré tout, et de manière beaucoup plus immédiate. Ce rapport immédiat, cette accessibilité, nous sommes sincèrement convaincus qu’ils vont s’imposer aussi dans nos modes de fonctionnement ordinaux, et que cela contribuera à renforcer le lien avec les avocats.
Qu'avez-vous de plus que les autres candidats ?
Tous les candidats ont leur identité, leur singularité. La nôtre tient probablement à trois éléments complémentaires.
Notre histoire commune. Nous nous présentons ensemble parce que nous nous connaissons et nous estimons depuis près de quinze ans, depuis notre rencontre à la Conférence du Barreau. C’est une envie commune portée par des valeurs partagées.
Nos parcours. Nous exerçons tous deux dans des cabinets structurés -américain pour Alexis, français pour Delphine-, mais nous avons également eu une expérience plus indépendante, plus tôt dans notre carrière, ce qui nourrit notre regard sur la profession.
Notre engagement international.
Etre là pour les autres, dans le cadre de nos actions solidaires, et avec les autres, dans le cadre de nos actions au service de la force et de l’attractivité de notre Barreau, c’est ainsi que nous concevons notre engagement au service de notre Ordre et de nos confrères.
Propos recueillis par Yannick Nadjingar-Ouvaev