Stéphanie Delaunay, Directrice juridique Université Montpellier III et Présidente de JURISUP

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stephanie-delaunayLe Monde du Droit a interviewé Stéphanie Delaunay, directrice juridique de l’Université Paul-Valéry Montpellier III et présidente-fondatrice du réseau des affaires juridiques de l’enseignement supérieur JURISUP.

Quel est votre parcours professionnel ?

Titulaire d’un master en droit européen obtenu à l’université Montpellier 1 (1996) et d’un diplôme d’université de sciences criminelles, j’ai commencé à travailler dans le secteur privé (1997). Cadre en ressources humaines dans la grande distribution (1997-2001), puis responsable adjointe du service social d’un cabinet d’expertise comptable (2001-2004), j’ai développé des compétences en management et en droit du travail. J’ai rejoint l’enseignement supérieur en 2004, afin d’exercer des fonctions juridiques dans une structure de taille plus importante. J’ai créé et dirige aujourd’hui la direction juridique de l’université Paul-Valéry Montpellier III, Université de près de 20000 étudiants. Parallèlement, j’ai fondé et préside le réseau JURISUP, réseau national des affaires juridiques de l’enseignement supérieur.

Quel est votre rôle en tant que Directrice juridique de l'Université Montpellier 3 ?

Le directeur juridique d’une université doit avoir plusieurs cordes à son arc. Il doit maîtriser tant le droit public que le droit du travail, le droit de la propriété intellectuelle, le droit relatif à l’informatique et aux libertés, le droit civil (respect de la vie privée notamment), le droit pénal, etc… Il est manager par ailleurs, manager à double sens… de son équipe et de la communauté universitaire. Les directions juridiques sont en effet récentes dans le milieu de l’enseignement supérieur et notre travail consiste aussi à se faire accepter dans les rouages de l’établissement. La construction de procédures, d’indicateurs et de tableaux de bord est un enjeu essentiel.

Comment est organisée la Direction juridique ?

La direction est composée de trois juristes, d’une archiviste et de trois autres collaborateurs non juristes. Nous sommes directement rattachés à la direction générale des services de l’université. Nous avons comme objectif de toujours trouver une solution aux questions posées et de ne pas être celui qui dit « non »… Lorsque j’ai créé l’activité juridique à l’université, j’ai pu développer les compétences et activités en fonction des besoins de la communauté universitaire. J’ai organisé quatre pôles d’activités : les affaires juridiques, avec le conseil, les conventions, le précontentieux, le contentieux, l’informatique et liberté les affaires institutionnelles et statutaires, avec les élections, les statuts, délégations, conseils et commissions ; la veille et documentation juridique et les archives.

Comment fonctionne la Direction juridique ?

Les directions juridiques sont des services support d’un établissement d’enseignement supérieur. Elles sont au service des autres. J’ai construit le fonctionnement de notre activité de cette façon. Notre priorité est de donner une réponse à nos interlocuteurs, de trouver la meilleure solution à leurs problématiques, qu’elles soient en matière de conseil juridique, de conventions, de valorisation, voire de contentieux.

Quelles sont les spécificités propres à votre activité ?

Les directions juridiques de l’enseignement supérieur sont à la croisée de plusieurs fonctionnements. Issue du secteur public, elles exercent au sein d’administrations de l’Etat. Elles sont cependant tenues à une forme de souplesse, liée à l’organisation même des établissements, qui sont dirigés par des enseignants-chercheurs élus. Par ailleurs, le droit privé fait de plus en plus son entrée dans notre activité.

Vous êtes également Présidente-fondatrice de Jurisup, pouvez-vous nous en dire un mot ?

A mon arrivée dans le supérieur en 2004, j’ai immédiatement pris conscience de la complexité d’exercice du métier. Le besoin de synergie et d’entraide m’a paru évident. Aucune mise en réseau de cette fonction naissante n’avait été réalisée. J’ai fait une enquête nationale et nous avons organisé une première réunion en 2005. Elle a rencontré un vif succès puisque près de 100 personnes ont été présentes. Le réseau Jurisup s’est ainsi construit avec deux objectifs fondateurs : la mutualisation et la professionnalisation. Jurisup représente aujourd’hui 130 établissements d’enseignement supérieur français, en métropole et en outre mer.

Quelles sont les actions menées par Jurisup ?

Jurisup a une vocation à renforcer le professionnalisme des juristes de l’enseignement supérieur, en créant des actions de formations nationales notamment. Nous avons ainsi mis en place une formation prise de poste qui rencontre un succès qui ne se démentit pas d’année en année. Nous avons également participé à la rédaction du répertoire des métiers de l’enseignement supérieur (REME), et réussi à positionner les juristes en cadres de direction. Ceci a été une première marque de reconnaissance.

Jurisup mène aussi des actions de mutualisation : nous avons chaque année une dizaine de groupes de travail nationaux qui élaborent des guides ou outils destinés à l’ensemble des collègues ? Nous avons ainsi créé un modèle national de convention de stage, qui est utilisé sur le logiciel national des étudiants.


Propos recueillis par Arnaud Dumourier