Mouna Bouaziz « La création de la pratique droit social s'inscrit dans la volonté du cabinet de proposer aux clients un full services, à taille humaine »

Interviews
Outils
TAILLE DU TEXTE

Le Monde du Droit a interrogé Mouna Bouaziz, avocate responsable des questions sociales chez Saul. 

Quelle est la spécificité de votre pratique ?

Depuis l'ouverture du pôle social il y a une année maintenant, le cabinet accompagne ses clients, entreprises/dirigeants, dans l’ensemble des domaines du droit du travail et de la protection sociale, en France et à l'étranger.

La création de cette pratique chez Saul s'inscrit dans la volonté du cabinet de proposer aux clients un full services, à taille humaine, hyper réactif, très proche des clients, à haute proximité.
Ici, pas d'intermédiaire ou millefeuilles d'avocats : le client sait à qui il parle, les réponses lui sont délivrées de manière très pratique et directe. 

Le pôle que je pilote résulte aussi d'une intuition post-Covid que nous partageons avec les associés du cabinet : les années 2020 seront sociales... ou ne seront pas ! La récente actualité le démontre. Le "quoiqu'il en coûte" du gouvernement touche ses limites actuellement.

Ceux qui levaient des fonds facilement souffrent, "dégraissent" avec un impératif nouveau de rentabilité. Forcément, il y a de la casse sociale, y compris pour des managers à haute valeur ajoutée.

Quel regard portez-vous sur l’actualité autour des plans sociaux au sein des startup ?  (Meero, Backmarket…) 

Malheureusement, ce constat était inévitable dans un contexte de forte inflation. Comme je le disais, les entreprises doivent réduire les coûts et la masse salariale représente certainement le poste de dépense le plus important.

Les start-up ont été particulièrement touchées par les licenciements d’envergure, pour plusieurs raisons à notre sens :

-       Au départ, des recrutements de masse sans s’assurer de la nécessité de certains postes ni du profil du candidat ;

-       En parallèle, de moins en moins d’investisseurs, des valorisations déclinantes, un cash qui circule moins. En France, la tendance est moins lourde qu'aux États-Unis. Mais elle existe malgré les garde-fous de notre droit social. 2023 est une année pivot, charnière pour certaines jeunes entreprises. Pour elles, ce sera "vivre ou mourir" et nous pourrons tirer des conclusions au T4 2023/T12024.

Les startup que vous mentionnez (BackMarket, Meero....et on pourrait en citer des dizaines d'autres très loin du storytelling licornes cher à certains) ne sont pas les seules impactées. Les grands groupes étrangers (Amazon, Microsoft, Netflix...) tranchent dans le vif des effectifs quand dans le même temps certains acteurs plus anciens plongent (Camaieu, Go Sport...). Les marges de négociation ne sont bien évidemment pas les mêmes pour un manager français sur le départ d'un acteur américain du streaming par exemple que pour un salarié d'un groupe franco-français de textile. D'un côté, une perspective de belle sortie ; de l'autre, de la casse pure et simple.

Quelles seront selon vous les principales tendances en droit social en 2023 ?

Pour rebondir sur la précédente question, l’année 2023 sera marquée, sur un plan des restructurations, par le recours aux modes alternatifs aux plans de sauvegarde de l’emploi (PSE). De plus en plus d’entreprise essayeront de rester compétitifs tout en faisant évoluer leur masse salariale. Nous conseillons de plus en plus de clients, notamment sur la mise en œuvre de l’accord de performance collective, les ruptures conventionnelles collectives ou encore la mise en place de l’activité partielle.

Par ailleurs, sur un plan contentieux, on assistera probablement à une forte demande de requalification des statuts d’autoentrepreneurs en contrat de travail, à la suite de la lourde condamnation de la plateforme Uber.

Enfin, l’année 2023 sera tout d’abord marquée par des réformes d’ampleur telles que la retraite ou l’accès à l’assurance chômage.

Je ne pressens pas d'explosion contentieuse pour notre typologie de dossiers : les négociations vont aller bon train, de manière constructive, avec des marges de discussions très intéressantes pour les managers à haut profil.

Propos recueillis par Arnaud Dumourier (@adumourier)