L’Espagne à vendre

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Jean-Marc Sànchez - Avocat - AGM avocats-abogadosL’Espagne reste un pays attractif pour les investisseurs étrangers qui ne craignent pas de parier sur la sortie de la crise culturelle, économique, politique et sociale que le pays traverse depuis 2008.

Le Wall Street journal écrivait récemment que l'Espagne, l'ancien bon élève de l'Europe, qui a très largement bénéficiée des faveurs de l'Union Européenne pendant un quart de siècle, ne maîtrisait désormais plus son destin et n'intéresserait plus les investisseurs.

Pourtant d'autres, notamment fidèles à l'adage selon lequel il faut acheter au son du canon et vendre au son du clairon, croient toujours en l'avenir de l'Espagne, mais pour quelles raisons ?

Certes la dette est importante, quoique moins qu'en France et le déficit lui y est aussi moins élevé.

Le secteur immobilier, longtemps surévalué est aujourd'hui en crise et permet des acquisitions à des prix beaucoup plus raisonnables, l'offre étant très supérieure à la demande avec 700.000 logements neufs en attente d'acquéreurs, malgré des baisses de prix pouvant aller jusqu'à 50 %, même si les prix dans les grandes villes et notamment à Barcelone et à Madrid ont moins baissé qu'ailleurs.

Le secteur bancaire très affecté par cette crise immobilière et celle de la construction n'a pas la faveur des investisseurs internationaux craignant les mauvaises surprises que peuvent cacher certains bilans, pour autant les grandes banques espagnoles présentes à l'étranger ont été épargnées.

Cependant le secteur de l'énergie et en particulier des énergies renouvelables reste porteur d'espoirs, ainsi que celui de l'hôtellerie aux mains d'un actionnariat surtout familial et celui du tourisme.

Les grandes entreprises espagnoles parmi les poids lourds côtés à la bourse de Madrid représentent à elles seules la moitié de la balance commerciale extérieure de l'Espagne, pour autant le tissu des petites et moyennes entreprises très présentes en Espagne n'est pas en reste.

La perspective des futures élections de novembre devraient consacrer la victoire du Parti Populaire de l'éternel opposant Mariano Rajoy et clore les années de gouvernement socialiste de José Luis Zapatero, qui a longtemps appliqué un programme de campagne électorale faute d'avoir eu un véritable programme de gouvernement et pris en temps utile la mesure de la crise.

Pourtant les récentes réformes très impopulaires, de la diminution des rentes et des salaires y compris ceux des fonctionnaires, au repoussement de l'âge de départ à la retraite, jusqu'aux nouvelles mesures fiscales touchant les plus hauts revenus, sorte de retour déguisé à l'impôt sur la fortune aboli par le gouvernement précédent ainsi que les mesures récentes pour combattre les déficits publics marquent un tournant.

Il faudra au vainqueur non seulement guider le pays sur le long chemin de la sortie de crise, économique et sociale, mais également composer avec les revendications régionales culturelles et institutionnelles de plus en plus virulentes, particulièrement en Catalogne et au Pays Basque.

Le quasi-fédéralisme inspiré par la constitution de 1978 mais sans les moyens nécessaires à son succès, s'est notamment traduit par une explosion des dépenses publiques d'équipements et d'infrastructures des collectivités locales dont l'Espagne n'avait pas toujours besoin et dont les régions et les contribuables espagnols n'ont aujourd'hui plus les moyens.

Reste à connaître l'avenir de la monarchie espagnole, longtemps symbole d'unité d'un pays qui n'en a jamais eu vraiment, alors que beaucoup d'espagnols sont plus juancarlistes que monarchistes et si ce qui rassemble encore les espagnols sera plus fort que ce qui les a toujours divisés.

Jean-Marc Sànchez, Avocat, AGM avocats-abogados


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