Une étude Deloitte met en lumière l'impact négatif du COVID-19 sur les femmes qui travaillent et révèle comment les entreprises peuvent le contrer.
D’après une étude Deloitte Global menée en Septembre auprès de femmes actives dans 9 pays, la façon dont de nombreuses femmes travaillent et vivent a changé radicalement depuis le début de la pandémie de COVID-19. Près de 82 % des femmes interrogées dans notre étude ont déclaré que leur vie avait été négativement perturbée par la pandémie, et près de 70 % d’entre elles s'inquiètent notamment de leur capacité à progresser dans leur carrière. L'enquête souligne par ailleurs comment la pandémie pourrait menacer certains des progrès réalisés ces dernières années en matière d'égalité des sexes sur le lieu de travail.
« Depuis le début de la pandémie, nous avons dû adapter notre quotidien tant dans notre sphère professionnelle que dans notre sphère personnelle. Ainsi, le télétravail, le chômage partiel ou encore le confinement ont perturbé les équilibres de répartition des tâches au sein des foyers au détriment des femmes, en complément de leur activité professionnelle », déclare Sophie Lazaro, Directrice Rewards & Talent et responsable de l’offre Diversité & Inclusion au sein de Deloitte France. « La poursuite de la pandémie et de cette situation pourrait remettre en cause l’évolution lente mais progressive de l’égalité entre les hommes et les femmes acquise au cours des dernières décennies. »
La pandémie fait payer un lourd tribut aux femmes actives
2/3 des femmes (65%) qui ont vu leur routine changer ont indiqué qu'elles effectuaient dorénavant plus de tâches ménagères, et 1/3 que leur charge de travail avait augmenté en raison de la pandémie. Les conséquences négatives les plus citées par ces femmes sont dans l’ordre l'impact sur le bien-être physique, l'incapacité à concilier engagements professionnels et personnels et l'impact sur le bien-être mental.
Les personnes ayant des responsabilités de soins à domicile sont également confrontées à des difficultés particulières, le nombre de femmes assumant 75 % ou plus de ces responsabilités ayant presque triplé, passant de 17 % avant la pandémie à 48 % au moment de l'enquête. En outre, la majorité des femmes ayant des enfants ont déclaré avoir des responsabilités supplémentaires en matière de garde d'enfants (58 %) et d'éducation à domicile (53 %).
De nombreuses femmes considèrent l'impact de la pandémie comme une menace pour leur carrière.
Outre le fait qu'elles doivent adapter significativement leur vie quotidienne, de nombreuses femmes actives sont également préoccupées par l'impact que la pandémie pourrait avoir sur leur progression à court et à long terme.
Si la grande majorité voit la possibilité de progresser dans leur carrière au cours de l'année à venir (en obtenant une promotion, en changeant de rôle ou en obtenant davantage de responsabilités etc.), 60 % d'entre elles ont des doutes sur les implications de cette progression. Par exemple, près d’un quart des femmes qui estiment avoir besoin d'être toujours "en service" pour le travail craignent de devoir choisir entre leurs responsabilités personnelles et leur carrière.
Pendant cette période critique, les entreprises peuvent prendre des mesures immédiates pour soutenir les femmes
L’étude met en évidence six mesures clés : faire des horaires de travail flexibles la norme, mettre l'accent sur la confiance et l'empathie, offrir des possibilités de réseautage et de mentorat, mettre en œuvre des expériences d'apprentissage qui fonctionnent pour la vie quotidienne des employés, s'attaquer aux préjugés inconscients dans la planification des promotions, et faire de la diversité, du respect et de l'inclusion des valeurs non négociables qui se traduisent dans le travail quotidien.
« Dans le cadre d’une approche responsable, de nombreuses organisations s’interrogent et expérimentent des mesures pour accompagner les femmes dans leur équilibre de vie. Nos études montrent qu’il n’y a pas d’approche unique, mais nous avons la conviction qu’il est indispensable de faire évoluer aussi bien l’organisation que les comportements et la culture, avec une approche inclusive. En effet, la progression de la situation des femmes ne pourra se faire sans l’implication et l’engagement des hommes », ajoute Sophie Lazaro.
« Au-delà du contexte de la pandémie, les organisations doivent s’engager en faveur de de la flexibilité, l’équité et l’inclusion afin de permettre aux femmes de réaliser leurs ambitions professionnelles. A moyen terme, les organisations seront évaluées sur leur capacité à accompagner leurs collaboratrices et collaborateurs dans cette période inédite. »
Quelle perception de la crise et de son impact chez les Françaises ?
Les Françaises qui travaillent partagent globalement les mêmes inquiétudes et rencontrent les mêmes difficultés que les femmes actives d’autres pays, avec néanmoins quelques nuances. 61% d’entre elles déclarent par exemple s’occuper davantage de l’éducation des enfants depuis le début de la crise contre 46% des femmes actives dans le monde ; mais 65% des françaises actives estiment par ailleurs que la crise a également donné plus de responsabilités à la maison aux hommes contre 47% des femmes au global.
Le fait de devoir toujours être disponible pour son travail impacte les françaises à des degrés divers : si les françaises se sentent moins dépassées que leur homologues (31% vs 45%), elles sont peu nombreuses à se trouver plus efficaces dans leur travail (19% vs 42%) et à s’estimer importantes (13% vs 34%). Elles se considèrent en revanche moins touchées sur le plan du bien-être mental (25% vs 40%) même si elles ressentent plus la culpabilité d’être moins présentes pour leur famille que le reste des femmes actives (56% vs 39%).
Pour finir, les françaises émettent moins de réserves quant à l’impact d’une éventuelle promotion sur leur vie quotidienne : seules 38% d’entre elles considèrent que ces changements pourraient remettre en cause leur volonté d’être promues contre 60% dans le monde.
Méthodologie :
Forbes Insights a mené pour Deloitte une enquête auprès de 385 femmes dans le monde entier, dans différents secteurs d'activité, en août et septembre 2020. Les pays représentés sont l'Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, la France, l'Inde, le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis. Au moment de l'enquête, toutes les répondantes étaient employées à plein temps et détenaient divers titres, allant d'assistante de direction à vice-présidente. Toutes les personnes interrogées proviennent d'organisations comptant au moins 1 000 employés. Plus des trois quarts des personnes interrogées ont au moins un enfant.