Le Monde du Droit a interrogé Thierry Gontard et Charlotte Butruille-Cardew, candidats au Conseil de l'Ordre du barreau de Paris pour le mandat 2020-2022.
Pourquoi vous présentez-vous ?
Charlotte Butruille-Cardew (CBC) : J’ai pris la décision de me présenter tardivement. Il se trouve que la crise sanitaire que nous venons de vivre a été, pour moi, un révélateur. J’ai observé et entendu les difficultés que rencontraient nos confrères et cela a provoqué en moi un urgent besoin d’engagement pour une profession que j’aime et que j’exerce avec fierté. J’ai voulu aller vers les autres en ces temps de repli sur soi et participer à la nécessaire réflexion des nouveaux cadres et modalités de notre exercice professionnel, dans un monde judiciaire en crise en raison de l’impact économique de la Covid mais aussi de l’état de la justice et de la place des avocats au sein de celle-ci. Aujourd’hui, j’ai le sentiment que c’est notre profession, notre Barreau et notre communauté qui ont besoin d’être défendus et soutenus en ces temps si difficiles.
Thierry Gontard (TG) : Je me suis totalement investi dans le développement du cabinet Simmons & Simmons à Paris au cours des 20 dernières années en tentant de faire émerger une structure pluridisciplinaire de premier plan sur la place de droit parisienne, (une quinzaine d’avocats quand je l’ai rejoint et une centaine aujourd’hui) en m’attachant notamment à tirer le meilleur des traditions de notre Barreau et de la culture anglo-saxonne de la prestation de services juridiques. Il me semble qu’à l’heure actuelle l’avocat a plus que jamais le devoir de faire entendre sa voix dans le débat public. Cela passe inévitablement par le besoin d’avoir des instances collégiales représentatives de la diversité de la profession qui donnent à tous les membres du Barreau parisien le sentiment d’appartenir à une seule et même famille. C’est cette diversité que nous avons voulu refléter en nous alliant tous les deux. Fort de cette expérience et disposant désormais du temps nécessaire au mandat de MCO, je souhaiterais me mettre au service de mes confrères et de notre Barreau en vue des défis que notre profession va devoir affronter (dématérialisation des audiences, interprofessionnalité, secret professionnel et sécurisation des données dans le contexte par exemple du télétravail etc.)
CBC et TG : Il nous est apparu qu’ensemble nous pouvions participer avec nos confrères à faire de ces défis des opportunités pour tous les avocats du Barreau de Paris.
Quels sont les principaux axes de votre programme ?
Notre fil conducteur est : avocats au cœur du changement.
En premier lieu, nous aimerions porter des valeurs de pluralité et de diversité des structures mais aussi des domaines d’activité existants au sein de notre Barreau, car cette diversité, c’est ce qui en fait sa richesse ; nos parcours respectifs en sont le reflet : grand cabinet de droit des affaires et petite structure de droit international de la famille.
Nous souhaitons également poursuivre et amplifier le rôle et la place de l’avocat dans la Cité en tant que négociateur et ce, en complément de sa mission essentielle de défenseur et conseil. Il est aussi primordial de renforcer le rôle et la présence des avocats auprès des autorités publiques comme moteur incontournable des changements et transformations pour les acteurs de l’économie. Nous souhaitons faire de l’avocat un vecteur incontournable de l’attractivité de la place de Paris quel que soit sa structure ou sa pratique.
Nous voulons enfin préparer le Barreau de demain, rechercher un cadre de travail attractif pour les avocats et efficace pour les structures. Allier la solidité des structures et la liberté des individus qui les composent est un des défis de la profession aujourd’hui. Il faut pouvoir attirer et garder les talents.
Si nous sommes élus, nous mettrons en œuvre notre programme en travaillant en équipe au sein du Conseil de l’Ordre, sous l’impulsion de nos Bâtonnier et Vice-Bâtonnier et dans le cadre des missions qui nous seront confiées.
Notre conception de l’avocat aujourd’hui ? Créateur, Facilitateur, Rassembleur, Entrepreneur, Vecteur de sécurité et de liberté.
Quels dysfonctionnements observez-vous au sein de l’Ordre et que proposez-vous comme solutions ?
Le terme dysfonctionnement n’est pas le premier qui nous vienne à l’esprit. On ne peut que constater que les avocats se mobilisent de moins en moins pour les élections et donc pour notre Ordre..
CBC : C’est vrai pour moi aussi et cela m’avait conduit par exemple, à privilégier la voie associative en fondant l’IDFP en son temps, puis l’AFPDC que j’ai ensuite présidée, ou encore au niveau international au sein de l’IAFL.
TG : Je partage ce point de vue et comme Charlotte, je pense qu’aujourd’hui, la solution doit venir de nos institutions, de notre Ordre, dans son organe de gouvernance. Nous voulons donc mettre notre force de travail, notre disponibilité et notre expérience au service de l’Ordre pour construire les solutions de demain pour le plus grand nombre de nos confrères.
Qu'avez-vous de plus que les autres candidats ?
Nous avons l’expérience, l’envie et la capacité de travailler en équipe. Nous aimons réfléchir à des solutions nouvelles et innovantes.
TG : J’ai réussi à fédérer et faire grandir un cabinet d’affaires en tentant d’en faire, en plus d’un cabinet performant, un cadre agréable de travail ce qui n’est pas incompatible. Avoir des responsabilités managériales globales dans un cabinet comprenant 22 bureaux à travers le monde (et au sein duquel le bureau parisien occupe désormais une place prépondérante) m’a permis d’enrichir ma vision de la profession d’avocat.
CBC : J’ai toujours travaillé en équipe, avant de fonder mon cabinet, puis au sein de CBBC. C’est précisément ce travail d’équipe pour rechercher une solution mutuellement acceptable qui m’a plu dans les MARDS. J’aime fédérer autour d’un objectif commun.
CBC : J’ai aimé importer en France le processus de droit collaboratif, et ce faisant porter des idées nouvelles, les faire grandir, les développer afin d’enrichir toujours davantage notre profession de nouvelles compétences pour répondre mieux aux besoins de nos clients et d’exercer pour certains leur profession plus en adéquation avec leur vie personnelle.
TG : J’aime promouvoir les idées auxquelles je crois. Cela m’a amené à être un des tous premiers avocats à intégrer une autorité administrative indépendante, la COB devenue l’AMF, il y a bientôt 30 ans, qui ne comprenait comme juristes que des magistrats, puis à m’impliquer dans la promotion de la place juridique et financière de Paris dans différentes instances ainsi que dans le cadre de mes fonctions de Managing Partner d’un cabinet d’affaires. Nous sommes et devons être actifs au sein de notre Barreau mais aussi auprès des pouvoirs publics (y compris Ministère des Finances et Régulateurs) ainsi que des décideurs économiques.
Propos recueillis par Yannick Nadjingar-Ouvaev