Grant Thornton, groupe d’audit et de conseil en France et dans le monde, présente son indice relatif au risque de corruption de 22 secteurs d’activités.
Combinant à la fois la perception d’un panel de 1500 répondants[1] et un grand volume de données empiriques[2], cinq secteurs semblent particulièrement exposés selon l’indice créé[3] : l’industrie manufacturière de pointe (indice de 3,16), les industries extractives (3,05), l’industrie manufacturière lourde (3,04), la construction (2,87) et les services financiers (2,50).
L’analyse média ne converge pas toujours avec la perception des acteurs
Les industries extractives (ressources naturelles minérales) et l’industrie manufacturière lourde (chimie, plastiques, électricité, gaz…) semblent particulièrement exposées au risque de corruption avec respectivement 80% et 70% d’entreprises faisant l’objet de coupures de presse liées à des faits de corruption. Cela est confirmé par les sondés qui estiment respectivement à 60% et 40% le risque « fort » sur ces secteurs. Dans une moindre mesure, c’est également le cas pour les services financiers où l’analyse média converge avec les perceptions des acteurs, avec respectivement 30% d’organisations citées et 21% de dirigeants soulignant un risque « fort ».
En revanche, certains constats semblent diverger. C’est notamment le cas de l’industrie manufacturière de pointe (informatique, machines, véhicules automobiles…), ayant de très nombreuses entreprises impliquées dans des faits de corruption cités dans la presse. Toutefois, le panel semble mésestimer cette dimension : ils ne sont que 16% à reconnaitre un risque « fort » sur ce secteur.
A l’inverse, le secteur de la construction est en queue de classement, car 20% seulement d’entreprises ont fait l’objet d’une presse négative. Cette fois-ci, c’est la perception des dirigeants qui révèle une toute autre réalité : près de 8 sur 10 indiquent une menace particulièrement prégnante en matière de corruption.
Des régions du monde et des pratiques peu éthiques étayées
Les recherches menées par le cabinet identifient les régions du monde les plus propices aux condamnations, pour motif de corruption par la SEC ou la DOJ, notamment. Parmi les cinq secteurs retenus par Grant Thornton, la zone « Moyen-Orient, Asie Pacifique et Russie » semble être un terreau fertile. En effet, seules les industries extractives échappent à ce constat, l’Amérique du Sud étant représentée dans 42% des cas de condamnation sur ce secteur.
En matière d’agissements condamnés par la justice, la construction et l’industrie manufacturière de pointe se caractérisent par des faits de corruption directe impliquant notamment « de grands noms ». Pour l’industrie manufacturière lourde, les divers pots-de-vin versés au régime de Mouammar Kadhafi symbolisent la typologie des pratiques. Les industries extractives se distinguent par de la corruption active directe ou indirecte qui visent à soudoyer des fonctionnaires et personnalités politiques via des intermédiaires. Enfin, sur le secteur des services financiers, les condamnations sont presque toutes établies pour des faits de corruption active, impliquant de grandes entreprises bancaires. Elles concernent notamment l’embauche de membres de familles de fonctionnaires étrangers pour obtenir des avantages commerciaux.
Nicolas Guillaume, Associé en charge de la ligne Business Risk Services et Patricia Pombo, Directrice au sein de la même équipe de Grant Thornton, commentent d’une seule voix : « Après trois éditions de notre baromètre dédié à la maturité des dispositifs anticorruption des entreprises, nous avons souhaité orienter nos recherches vers les pratiques peu éthiques dans la conduite des affaires à travers le monde. Notre étude n’a pas la prétention de se positionner comme un indice de référence. Toutefois, notre approche combinant la perception des répondants sur le terrain et l’analyse d’un grand volume de données empiriques, nous permet de publier un premier niveau d’exposition des secteurs d’activité au risque de corruption alors que les organismes internationaux intensifient leur lutte contre les opérations suspectes ».
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[1] Sondage réalisé au 1er semestre 2020 lors de la 3ème édition du baromètre dédié à la maturité des dispositifs anticorruption auprès de l’ensemble des fonctions clés impliquées dans la lutte contre la corruption en entreprise : Audit interne, Conformité, Direction générale, Ethique, Risk Management, Services Juridiques, Direction financière, Contrôle interne, Direction juridique, Autres.
[2] Données relatives aux affaires de corruption et aux radiations pour motif de corruption par la Banque Mondiale recensées depuis 2014 ainsi qu’aux parutions presse en français et anglais sur les cinq dernières années.
[3] 1 (risque faible) à 4 (risque fort)