Tribune de Hervé Delannoy, Président de l'AFJE suite à la publication de l'interview du nouveau Bâtonnier de Paris, Pierre-Olivier Sur, dans Le Figaro du 7 janvier 2014.
Quand les clients deviennent concurrents, nul n’est besoin d’être un gourou de la stratégie pour en déduire une situation bien délicate.
C’est pourtant le constat que fait le nouveau Bâtonnier de Paris dans une interview parue dans le Figaro du 7 janvier 2014, en indiquant, après avoir reconnu la paupérisation, la perte d’influence et la concurrence légale ou illégale que subit la profession d’avocat, que « les grandes directions juridiques des entreprises, c’est-à-dire nos clients, sont aussi nos principaux concurrents, ce qui appelle évidemment à l’ouverture d’une réforme consistant à accepter l’avocat en entreprise.»
Cette dernière remarque appelle une mise au point.
Il est vrai que la profession de juriste d’entreprise se développe constamment depuis près de 50 ans et se renforce. C’est ce que reconnaît implicitement le Bâtonnier. Les juristes d’entreprise réalisent des travaux juridiques et en traitent une partie avec leurs conseils. Dire que les directions juridiques sont clients et concurrents n’est donc pas faux, sauf à limiter le propos aux seules « grandes directions ». Nous préférons parler de complémentarité.
Le Bâtonnier ne s’exprime ici que sur la partie concurrentielle de l’activité d’avocat, laquelle dispose pour la partie judiciaire qui est la plus touchée par la paupérisation, d’un monopole.
Ce qui nous heurte dans ce raisonnement est de concevoir « l’acceptation » de l’avocat en entreprise comme une échappatoire face aux difficultés de la profession d’avocat.
Les juristes d’entreprise ont envisagé le rapprochement avec la profession d’avocat pour obtenir la confidentialité sur un pied d’égalité des deux professions.
Si cette solution doit se comprendre comme la simple substitution d’une profession en difficultés à notre profession qui elle fonctionne, il est évident que nous ne pourrions que revenir à la solution de l’obtention de la confidentialité sans rapprochement avec les avocats.
Il semblait utile de rappeler cette position constante de l’AFJE.
Hervé Delannoy, Président de l'AFJE