Le Monde du Droit a rencontré Joanna Pomian qui vient d'être nommée Chief Digital Officer au sein du cabinet LPA-CGR.
Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?
Je dispose d'une double compétence en sciences humaines et informatique (intelligence artificielle). J’ai toujours travaillé sur la transformation digitale des entreprises et des organisations. J’ai travaillé depuis près de 30 ans en tant que consultante dans l’accompagnement des organisations de toutes tailles.
Aujourd’hui vous êtes Chief Digital Officer au sein de LPA CGR. Quelle est cette fonction ?
Selon l’organisation et les entreprises, la fonction de Chief Digital Officer (CDO) aura toujours des points communs entre les entreprises, mais aussi des différences. Tout ce ceci s’explique par la taille, la structure et la nature de l’activité.
La fonction a pris son essor dans le « retail ». En effet, avec l’arrivée des entreprises de e-commerce sur internet, la relation client et l’expérience ont été profondément repensées. L’arrivée des Chief Digital Officer suit l’impact profond de la nature des activités liées à la relation client et la façon de travailler.
Par la suite, cela s’est développé dans les banques sous l’impulsion des fintech,
Dans cette évolution, les cabinets d’avocats se sont sentis potentiellement protégés. Cependant, avec l’arrivée des legaltech, on a observé le même phénomène qu’avec les banques mais avec cinq années de décalage.
Le monde du droit est impacté et va l’être de plus en plus c’est pourquoi il faut suivre ce mouvement.
Le rôle du Chief Digital Officer est d’avoir une vision à 360° de la transformation numérique. Il doit aussi avoir la compréhension de ce qu’il se passe pour pouvoir anticiper et en même temps définir un tempo propre au cabinet car toutes les innovations ne sont pas bonnes à prendre.
Quels vont être vos premiers chantiers ?
Le cabinet a fait tout un cheminement sur le digital et cinq chantiers ont été défini.
Le premier chantier est celui de l'innovation.
Il s'agit de tester des solutions :
- une solution de signature électronique pour le closing
- une pour l'analyse automatique de contrats
- une solution de justice dite prédictive
Ce chantier sera prolongé par une réflexion sur la stratégie du cabinet par rapport aux legaltech et par l’organisation d'événements dédiés à l’innovation juridique.
Le deuxième chantier est le chantier "métiers". La première chose à faire est de mettre à jour les outils. Ces mises à jour vont aligner la pratique quotidienne sur les standards du marché du web en terme de fonctionnalités offertes.
Le troisième chantier est celui du partage de l’information.
Nous essayons de mettre en place un espace sécurisé du partage de l’information avec les clients à l’aide d’une plateforme où on leur met à disposition des documents avec une authentification.
Le quatrième chantier concerne la gestion de la relation client. Il s’agit de toutes les façons qui vont permettre d’enrichir et d’étendre la gestion de cette relation (suivi, contact, prise en compte des besoins).
Le dernier chantier vise à accompagner la conduite du changement. Il faut rassurer les personnes au sein du cabinet inquiètes face aux avancées technologiques.
Arnaud Dumourier (@adumourier)
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