Frédéric Sicard, bâtonnier du barreau de Paris : interview (première partie)

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Frédéric Sicard est devenu le 219ème bâtonnier du barreau de Paris le 1er janvier 2016. Reçu par Arnaud Dumourier, Directeur de la Rédaction du Monde du Droit, il a évoqué les principaux axes de son mandat.

Le nouveau bâtonnier de Paris est animé par "un sentiment d'humilité et comme tous les avocats en entrant dans un dossier le trac parce-que c'est la volonté de bien faire".

"Cette unité, nous allons la retrouver je l'espère tant qu'avec nos clients (...) qu'avec les avocats"

En ce qui concerne ses priorités : "C'est rassembler et encore rassembler. Ce qui signifie plus de démocratie, je veux plus de démocratie ordinale. Et puis, plus de dignité ce qui comprend la nécessité de baisser les cotisations parce-que çà fait partie de la dignité dont nous avons besoin. Cette unité, nous allons la retrouver je l'espère tant qu'avec nos clients (...) qu'avec les avocats parce-que je pense que nous avons un fonds commun. C'est ce fonds commun que nous devons mettre en avant".

 "Se tourner vers les autres c'est exiger de l'institution qu'elle rende des services"

Pour faire du barreau de Paris une institution de services exemplaires, "le régalien ne suffit pas. Il faut assurer le disciplinaire. Il faut assurer la déontologie. Mais il faut cet esprit d'altérité. Il faut se tourner vers les autres. Se tourner vers les autres c'est exiger de l'institution qu'elle rende des services. Comment vais-je m'y prendre ? Tout simplement, en interrogeant nos confrères et nos consoeurs pour savoir ce qu'ils veulent et à partir de ce qu'ils veulent nous allons leur rendre les services qu'ils attendent. C'est fondamental qu'essayer de créer de l'accueil, que d'essayer de se tourner vers les autres et d'être une institution qui réponde aux besoins de ceux pour qui elle est en place c'est à dire ceux qu'elle sert.", a indiqué Frédéric Sicard.

"Les 10 % de baisse de cotisations sont acquis"

Selon le nouveau bâtonnier de Paris, il est tout à fait possible de concilier rigueur budgétaire et baisse des cotisations "car c'est fait". "Le budget comprend une baisse entre 2,5 et 2,9 millions d'euros. Pourquoi ce petit écart ? Parce-que tout simplement il y a des dépenses de dernières minutes et que nous avons considéré qu'il fallait les prendre en compte. Je suis à 2,9 millions mais j'en ai sous le pied jusqu'à 2,5 millions. Donc on peut encore aménager. Les 10 % de baisse de cotisations sont donc acquis. Reste à savoir maintenant comment on va les organiser.  C'est le Conseil de l'Ordre qui va devoir reprendre ses pouvoirs en mains et nous expliquer où il voit  les baisses. Nous allons leur faire deux propositions et puis ils choisiront comment ils voient la baisse des cotisations."

"Je ne suis pas sûr que nous ayons eu besoin d'état d'urgence, je suis beaucoup plus sûr que nous avions en urgence besoin d'Etat"

Enfin, s'agissant de l'état d'urgence, Frédéric Sicard a affirmé : "Je ne suis pas sûr que nous ayons eu besoin d'état d'urgence, je suis beaucoup plus sûr que nous avions en urgence besoin d'Etat ce qui n'est pas tout à fait pareil. Cela fait très longtemps, que nous mettons plus le budget à ce qui doit être la justice, la défense ou la sécurité. En réalité, on a l'impression que nous sommes dans un état d'urgence au rattrapage. Et je ne vois pas qui, si ce n'est les avocats, va pouvoir dire çà suffit. L'état d'urgence se justifie parce-que nous avons un problème de sécurité mais il ne peut pas servir à tout gérer comme on le voit actuellement. Tout gérer avec l'état d'urgence en profitant de la suspension des libertés c'est tout gérer avec un ersatz de droit. Or la valeur de notre société c'est le respect du droit."