Le 25 janvier 2022, l’Assemblée nationale de la République française a procédé au vote unanime d’un projet de loi historique relatif à la restitution ou à la remise de certains biens culturels aux ayants droit de leurs propriétaires victimes de persécutions antisémites. Parmi les biens culturels visés, un tableau peint par Marc Chagall en 1911-1912 intitulé Le Père spolié par les Nazis à David Cender luthier, musicien et collectionneur d’art, né en Pologne le 13 octobre 1899 et décédé à Paris en 1966.
Après 82 ans, l’histoire de la famille Cender et du tableau de Marc Chagall a été redécouverte par Mondex Corporation (Mondex), une société Canadienne spécialisée dans la récupération d'œuvres d'art et de biens spoliés pendant la Seconde Guerre mondiale.
En 1940, alors que les Allemands envahissent la Pologne, David Cender est contraint de quitter son appartement de Lodz, perquisitionné par les Allemands.
Déporté avec son épouse et sa fille de deux ans au ghetto de Lodz, l’intégralité de ses biens, dont l’œuvre « Le Père » de Marc Chagall, achetée en 1928 au marchand Abe Gutnajer à Varsovie, est spoliée par les Nazis. Rescapé d’Auschwitz en 1945, où son épouse et sa fille sont tuées, David Cender s’installe en France et entame, à partir de 1959, des démarches auprès des autorités allemandes en vue de la restitution et de l’indemnisation des biens qui lui ont été spoliés.
Les efforts menés par les autorités allemandes, qui ont reconnu la spoliation de ce tableau à David Cender, visant à identifier la localisation du tableau de Marc Chagall après la guerre, sont restés vains.
Ce n’est que récemment, grâce aux recherches de provenance menées en premier lieu par la société Mondex et son fondateur Monsieur James Palmer, puis de concert avec les services du Ministère de la Culture, que le tableau a pu être identifié comme faisant partie des collections publiques françaises. Exposé au sein des collections du Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme de la ville de Paris, le tableau est entré dans le patrimoine de l’Etat français par dation des héritiers de Marc Chagall en 1988.
Mondex se félicite d’avoir pu accompagner, avec ses avocats Me Mélina Wolman et Me Yohanna Thillaye, les ayants-droit de David Cender, dans la revendication de ce tableau et salue la coopération et la qualité des échanges intervenus avec les services du Ministère de la Culture, du Centre Pompidou et du Musée National d’Art Moderne de la ville de Paris.
La restitution du tableau de Marc Chagall est exemplaire et le fruit d’un travail de recherche de provenance et de transparence effectué avec la Mission de restitution des biens spoliés entre 1933 et 1945 dirigée par Monsieur David Zivie au sein du Ministère de la Culture.
Depuis 1993, James Palmer, fondateur de Mondex Corporation et son équipe d'historiens, d’avocats et de chercheurs internationaux, travaille avec passion pour aider les descendants de familles à récupérer les biens spoliés par le régime nazi.
« Nous sommes profondément reconnaissants de participer à la restitution de cette œuvre d'art importante à la famille de David Cender. Au nom des héritiers de Monsieur David Cender, nous exprimons nos sincères remerciements au gouvernement français » a déclaré Monsieur James Palmer.
« Cette restitution historique est le fruit d’un travail fastidieux mené de front par les équipes de chercheurs de provenance et d’historiens de Mondex, ainsi que les services du Ministère de la Culture. Elle démontre les engagements forts du gouvernement français, que nous saluons avec beaucoup de respect » a déclaré Me Mélina Wolman.
Le texte adopté par l’Assemblée Nationale est inédit. Il s’agit du premier texte de loi organisant la sortie des collections publiques d’œuvres spoliées et autorisant la restitution de ces œuvres d’art à des particuliers.
L’engagement pris par la France et par Madame la Ministre de la Culture Roselyne Bachelot-Narquin fait honneur au devoir de mémoire dû aux victimes de la Shoah, ainsi qu’à la France, dont le Président de la République française, Jacques Chirac, a su reconnaitre la responsabilité dans les crimes antisémites commis durant la Seconde Guerre mondiale.
Ce texte est une première étape de franchie vers une loi plus générale, dérogeant au principe d’inaliénabilité des œuvres des collections nationales, permettant des restitutions plus rapides et en cas de spoliation.