Le Monde du Droit vous présente une interview de Nicolas Bombrun, arrivé récemment au sein du cabinet Shearman & Sterling, en tant qu'Associé.
Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre Shearman & Sterling ?
Shearman & Sterling est l’un des plus prestigieux cabinets d’avocats internationaux, présent à Paris depuis 50 ans et est très bien ancré dans le monde industriel et financier. Je connais bien les différentes équipes corporate, finance, restructuring, marchés de capitaux et fiscales, notamment pour avoir été en face d’elles dans différentes opérations de fusions-acquisitions et de private equity et les apprécie beaucoup. Lorsque Shearman a décidé de renforcer sa pratique M&A à Paris, j’ai tout de suite été séduit par ce projet, la plateforme parisienne et internationale du cabinet, la dynamique des équipes et les synergies existantes.
Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?
Après avoir fait des études de droit en France, que j’ai terminées par un DJCE / DESS Droit des Affaires et de Fiscalité, je suis parti aux Etats-Unis pour poursuivre mes études à New York University. J’y ai obtenu un Master of Comparative Jurisprudence (MCJ) et suis devenu avocat au barreau de New York dans la foulée. Après 2 ans dans un cabinet New Yorkais, j’ai rejoint le cabinet français Giroux & Buhagiar, qui était un cabinet très reconnu en matière de corporate finance. C’est dans ce cabinet que j’ai appris le métier que je pratique aujourd’hui. J’y suis devenu associé en 1995, puis nous avons fusionné avec le cabinet Stibbe Simont Monahan Duhot en 1997. En 2001, nous avons - avec un groupe d’associés du bureau parisien Stibbe - ouvert le bureau de Paris du cabinet Latham & Watkins.
Qui a le plus influencé votre carrière ?
L’apprentissage du métier d’avocat d’affaires est long. Je me souviens quand j’ai commencé dans ce métier avoir souvent entendu qu’il fallait au moins 10 ans pour devenir un bon avocat et avoir de très bons réflexes. Il est donc important d’apprendre ce métier dans un environnement d’excellence, de rigueur et de qualité. Pour cette raison, je suis très reconnaissant aux associés du cabinet Giroux & Buhagiar – Philippe Giroux, Patrick Bonvarlet et Olivier Edwards – de m’avoir permis d’apprendre ce métier à leurs côtés.
Quel est le meilleur souvenir de votre carrière ?
Je fais ce métier depuis plus de 20 ans et j’ai beaucoup de souvenirs, dont certains particulièrement mémorables. Si je devais en retenir un, il s’agirait du closing de l’opération de recapitalisation de la société Eutelsat – troisième opérateur mondial de satellites – en 2005 pour un montant total proche de 2,5 milliards d’Euros. Nous avons commencé le closing un jeudi soir pour le terminer le lundi suivant en fin d’après-midi, et cela non-stop. Pendant 5 jours, il y avait entre 50 et 100 personnes continuellement au cabinet et nous avions installé nos confrères – dont Shearman & Sterling – et les différentes banques chacun dans des salles de conférence différentes, de sorte que l’on puisse finaliser l’imposante documentation pendant ces quelques jours. Un vrai tour de force qui s’est très bien terminé, qui plus est, dans la bonne humeur.
Quels sont vos domaines de compétences ?
Je conseille des entreprises et des fonds d’investissement, français ou étrangers, lors d’opérations de M&A et de private equity, le plus souvent dans un contexte international. J’interviens également lors d’opérations sur les sociétés cotées que ce soit des prises de participation minoritaires ou d’acquisitions de blocs majoritaires et suis aussi actif en matière d’alliances stratégiques et de joint-venture en France et à l’international. Enfin, je conseille mes clients sur les problématiques de corporate governance et les questions relatives à la responsabilité des dirigeants.
Quels sont, selon vous, les évolutions marquantes de ces dernières semaines dans ces secteurs d’activité ?
La crise financière et économique a, on le sait, eu un impact réel sur le marché du M&A et du private equity. Pour que l’activité reprenne réellement et durablement, il est important que la confiance revienne. Il est également important que l’environnement juridique et fiscal soit plus prévisible. Ceci étant rappelé, un grand nombre de groupes français ont des bilans sains et devraient réaliser des opérations d’acquisition dans les prochains mois, notamment afin de consolider leur position dans leur cœur de métier et sur le plan géographique. S’agissant plus particulièrement du private equity, on constate que la raréfaction du crédit bancaire amène les fonds d’investissement à privilégier la création de valeur via des opérations de build-up ou de croissance interne, afin de créer des entreprises leaders dans leur domaine en France et en Europe. En outre, le recours au financement obligataire de type « unitranche » permet aujourd’hui de financer certaines opérations. Enfin, j’observe que l’exécution des opérations prend beaucoup plus de temps qu’auparavant.
Qui conseillez-vous ?
Mes clients sont des fonds d’investissement et des groupes industriels français ou étrangers. Je les accompagne lors de leurs opérations en France, mais également de plus en plus souvent lorsqu’ils font des opérations hors de la zone Euro, en particulier en Asie et en Amérique du Nord.
Quels sont vos objectifs pour le cabinet ?
Nos objectifs sont de développer encore davantage les activités fusions et acquisitions et private equity du cabinet et de continuer à accompagner nos clients – industriels et fonds d’investissement – en leur donnant des conseils juridiques et stratégiques de qualité, et cela en liaison et avec le soutien des différents bureaux du cabinet.
Propos recueillis par Arnaud DUMOURIER