Louise Hubert, Première Vice-Présidente de l’UJA de Paris : « L’UJA, c’est un pont entre générations, la transmission de ces valeurs et des conseils bienveillants depuis bientôt 100 ans »

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Le Monde du Droit a interrogé Louise Hubert, Première Vice-Présidente de l’UJA de Paris et candidate à la présidence de l'UJA de Paris.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Après un parcours en droit privé, droit pénal et management à Paris 1, Paris 2 et HEC, j'ai exercé en qualité d’avocate collaboratrice libérale au sein de cabinets parisiens intervenant en contentieux des affaires et droit pénal des affaires, tout en développant une activité personnelle en droit pénal général, avant de créer ma propre structure en 2016.

Rapidement après ma prestation de serment, ayant le souhait de m’impliquer dans les sujets qui concernent la profession, j’ai rejoint l’UJA de Paris, que j’ai connue d’abord par sa revue, avant de rejoindre sa commission permanente sous la présidence de Valence Borgia. Dès ma première année, j’ai pu apprécier la technicité des sujets et les réflexions menées par des jeunes confrères passionnés, plein d’idées pour leur profession; j’ai rejoint la commission collaboration et ai participé à l’élaboration de ses travaux, avant d’en prendre la responsabilité pendant trois ans, sous les présidences de Aminata Niakate, Thomas Charat et Laetitia Marchand. J’ai également œuvré, entre autres, à la commission pénale, au sein du service SOS Collaborateurs, et en tant qu’experte au sein de la commission collaboration du Conseil national des Barreaux.

J’ai par la suite rejoint le bureau de l’UJA de Paris, juste après la naissance de mes deux merveilleuses petites jumelles, d’abord en qualité de trésorière pendant deux années sous les présidences de Frédéric Perrin et Marion Couffignal, puis première vice-présidente cette année sous la présidence de Simon Dubois.

Pourquoi avez-vous rejoint l’UJA de Paris ?

Par attachement aux valeurs qu’elle porte : l’entraide entre consœurs et confrères d’une même génération, l’intégration des jeunes, quel que soit leur réseau, la défense des jeunes avocats et de la profession dans son ensemble. L’UJA, c’est aussi un pont entre générations, la transmission de ces valeurs et des conseils bienveillants depuis bientôt 100 ans.

Je suis très attachée à cette notion de solidarité, qui est également intimement liée à notre serment, et j’ai rejoint cette association à vocation syndicale parce qu’elle était à mes yeux en quelque sorte l’avocate des jeunes avocats. L’injustice quand on est avocat est toujours insupportable mais elle est parfois trop facilement acceptée par nos consœurs et confrères quand elle les touchent, souvent trop absorbés par leurs dossiers. C’est pour les défendre que je me suis engagée, pour prendre chaque sujet à-bras-le-corps et œuvrer à améliorer nos conditions d’exercice.

C’est ça l’UJA, la réflexion, la technique et l’action ! Je ne pouvais que m’y épanouir.

Si mon sujet de prédilection pendant ces années a été la collaboration, j’ai pu traiter de sujets très divers dans de nombreux domaines. J’ai pu apprécier combien l’UJA est force de proposition et constitue un espace de solidarité qui participe à la création de l’avocat d’aujourd’hui et de demain.

Je recommande vivement aux jeunes confrères de nous rejoindre, l’UJA est une aventure fabuleuse où l’on rencontre des confrères formidables et où l’on noue de réelles amitiés. On crée des contacts, on développe des compétences d’une façon toute différente de l’activité en cabinet.

L’ADN de l’UJA c’est aussi l’impertinence, l’indépendance et sa capacité à s’opposer au pouvoir interne à la profession et au pouvoir tout court, à s’élever contre ce qu’elle estime injuste, sans rendre de comptes à personne. Nous sommes unis pour porter nos combats et c’est ce qui fait toute la beauté de ce syndicat. C’est une institution courageuse, combattive, qui s’est mobilisée depuis bientôt 100 ans et continuera à le faire dans l’excellence.

Vous postulez à la présidence de l’UJA de Paris, quels grands thèmes entendez-vous porter ?

L’UJA a vocation à traiter tous les sujets qui préoccupent la profession et les confrères mais chaque président a ses affinités particulières et donne une teinte à son mandat. Comme l’expliquait mon prédécesseur Aminata Niakate à Décideurs en 2015, la première vice-présidence est conçue comme un dauphinat à l’UJA. J’ai ainsi murement réfléchi mon projet durant cette année et je souhaite, pour ma part porter un mandat en trois axes : l’entrepreneuriat des avocats, le leadership au féminin et la défense des libertés publiques.

Nous sortons d’une période de crise et plus que jamais l’avocat, quel que soit son mode d’exercice, doit se penser en entrepreneur. C’est une dimension fondamentale pour moi qui ai suivi des formations en ce sens en Mastère à HEC. Ceci implique de maîtriser la dimension managériale de son activité : l’avocat doit être formé à la gestion de cabinet, à la gestion d’équipes, au marketing de soi, et doit faire preuve d’innovation en se réinventant.

Un bon management est aussi essentiel à une collaboration réussie. La collaboration libérale offre de formidables opportunités qui doivent être une réalité pour tous. Le développement de la clientèle personnelle des collaborateurs est au centre de mes préoccupations depuis mes toutes premières années d’exercice, la collaboration libérale devant être un véritable tremplin pour l’avocat. La pluralité d’exercice offre aussi des opportunités fantastiques pour les avocats, qu’il faut savoir saisir.

L’avocat entrepreneur, c’est aussi, parce qu’il en a lui même à connaître dans sa propre activité, celui qui sait comment proposer la réponse la plus adaptée aux entreprises, en prenant en considération, au-delà du raisonnement juridique, les dimensions financières, stratégiques et opérationnelles des affaires qui lui sont confiées.

Dans un monde qui s’internationalise, l’avocat doit enfin envisager sa place à l’international. Paris est une véritable place de droit, et nous devons pouvoir nous exporter et penser notre mobilité.

Alors que la profession est aujourd’hui majoritairement féminine, on pourrait croire que le sujet de l’égalité homme-femme appartient au passé. Pourtant trop souvent encore les associés des cabinets sont majoritairement des hommes tandis que les collaborateurs sont en majorité des femmes ; de trop nombreuses consœurs sont encore confrontées à des comportements sexistes ou doivent faire face à des obstacles dans le cadre de leur évolution de carrière dont ne pâtissent pas les hommes. Nous devons briser ce plafond de verre qui ne répond à aucune justification, que ce soit dans nos cabinets, dans les institutions professionnelles ou dans notre pratique professionnelle en général. Le féminisme ne peut pas se contenter d’être dans les discours, il doit être dans l’action. Nous devons penser le leadership au féminin et promouvoir les femmes aux plus hautes fonctions. Des solutions ont été proposées - on pense par exemple à l’allongement du congé paternité - il convient de poursuivre nos efforts et d’aller plus loin en proposant aux consœurs des solutions leur permettant de déployer toutes leurs compétences afin qu’elles prennent toute leur place dans la gestion de leur carrière. Les ateliers de leadership en sont un moyen que je souhaite proposer, la promotion des femmes aux postes de direction et leur positionnement sur les sujets stratégiques est également une nécessité.

Les libertés publiques seront aussi au centre de mes préoccupations. Les lois d’exception se sont multipliées pendant la crise sanitaire et il convient de demeurer vigilants. Les plus vulnérables, parmi lesquels les mineurs, doivent aussi être au centre de nos combats. Nous devons aussi être extrêmement fermes quant à la protection de la robe, et par là-même la protection du justiciable : on pense, par exemple, aux atteintes au secret professionnel et aux incidents d’audience.

Ce sujet me tient particulièrement à cœur dans une actualité où l’on constate dérives et multiplication des réformes. Nous approchons des présidentielles et les avocats se doivent d’être force de proposition.

Lors de son assemblée générale du 4 juin 2021, le Conseil national des Barreaux a adopté une résolution pour la défense de la justice et de l’Etat de Droit, appelant les citoyens à protéger la justice rendue en leur nom, et rappelant que toute atteinte à l’indépendance de la justice, au droit à un procès équitable, à la présomption d’innocence et au droit à un procès équitable constituerait une remise en cause dangereuse des droits des citoyens.

Le lendemain, Emmanuel Macron a annoncé le lancement d’Etats Généraux de la Justice. Il a été indiqué que tous les acteurs de la justice y seraient conviés et il conviendra de demeurer particulièrement vigilants.

Il m’apparaît à ce titre particulièrement opportun de créer un pôle gestion des recours au sein de l’UJA, afin de ne laisser passer aucune atteinte aux libertés. Nous aurons ainsi toute la capacité à multiplier les QPC, mais également à proposer des amendements: l’UJA dispose au sein de ses équipes d’experts de talent qui sauront mener cette mission avec brio.

A l’approche de 2022, l’UJA devra plus que jamais répondre présente, elle en a toutes les capacités, et pourra se mobiliser avec force.


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