Bâtonnat de Paris 2026-2027 : les propositions d’Hannelore Schmidt et Benoît Deniau

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Hannelore Schmidt et Benoît Deniau se présentent au bâtonnat de Paris pour la période 2026-2027. Candidats respectivement aux postes de bâtonnière et vice-bâtonnier, ils présentent leur vision et leurs propositions pour l'avenir du barreau parisien.

Pourquoi êtes-vous candidats au Bâtonnat ?

Hannelore Schmidt :

J’ai 41 ans, je suis avocate depuis 2001, et je siégeais au Conseil de l’Ordre avec Benoît entre 2017 et 2019. puis à l’issue de nos mandats en continuant de siéger dans diverses commissions.  Notre constat est le suivant : être engagé comme nous l'avons été ne suffit pas à apporter la modernité que nous souhaitons pour la profession, que ce soit en matière d’innovation, de développement économique, etc. Nous pensons que c’est en accédant au bâtonnat qu’on pourra réellement agir.

Benoît Deniau :

Nous sommes dans une période de mutation matérielle, technologique et sociétale. Dans ce contexte, il ne faudrait pas que l'Ordre, par peur notamment, s'accroche à un exercice traditionnel. Certaines professions de prestations intellectuelles, par immobilisme, vont disparaître et il nous faut donc nous adapter. . Dans cette période, la politique nous le rappelle, les avocats et l'Ordre des avocats sont des garants essentiels pour les libertés publiques, et l’exercice du droit de la défense. Il est fondamental de bien l'intégrer, et vraiment de combattre pour être des garants de nos libertés.

Quels sont les principaux axes de votre programme ?

Hannelore Schmidt :

Dans un contexte de concurrence accrue vis-à-vis des autres professions, nous voulons promouvoir la Marque avocat, les avantages concurrentiels majeurs qui la composent : compétence, déontologie, secret pro et RCP. L’avocat est LE partenaire juridique incontournable.

Cela passe par des campagnes de communication efficaces et percutantes, ainsi qu’en accompagnant et encourageant les cabinets à faire la promotion de leur activité.

Nous offrirons une formation initiale et continue de qualité et très pratique, en y intégrant des thématiques comme le management, le marketing ou l’innovation.

Benoît Deniau :

La marque Avocat est un ensemble. Elle ne pourra rayonner, et attirer, qu’en mettant un terme, par le biais de la déontologie et du disciplinaire, aux pratiques inadmissibles au cœur de la profession. Il faut renforcer les mesures visant à sanctionner strictement les comportements répréhensibles. C’est un combat permanent qui est loin d’être déjà remporté.

Il existe de très fortes attentes sur ce combat.
En matière de harcèlement, nous mettrons notamment en œuvre des enquêtes internes menées par des prestataires indépendants payés par l’Ordre, afin d’intervenir plus en amont.

Sans que ces mesures s’opposent, en matière de déontologie, nous l’adapterons aux nouvelles technologies et aux nouvelles pratiques de manière moins stricte. L'intelligence artificielle doit être incorporée à nos pratiques, de manière maîtrisée. Il faut former à ces outils, en les adaptant de manière concertée, pour un usage respectant nos principes essentiels.

L’actuel Bâtonnier de Paris a initié le passage à l’IA en permettant son accès, ce qui est une très bonne chose. Nous nous inscrivons dans la continuité de cette démarche.

Et comme toute marque, la marque avocat doit être protégée. . Notre profession est de plus en plus menacée, attaquée par les pouvoirs publics,  comme en témoigne notamment une récente décision de la Cour de cassation qui permet de saisir les correspondances d’avocats.

L’Union européenne a rappelé l’importance de l’avocat, dans un cadre démocratique, et la nécessité du secret professionnel.

Préserver les droits de la défense comme du conseil, c’est préserver notre marque et notre avenir.

Quels sont les dysfonctionnements à l'Ordre ? Que proposez-vous comme solution(s) ?

Benoît Deniau :

Le travail réalisé par l’Ordre est colossal et les sollicitations sont très nombreuses.

Pour autant, le principal dysfonctionnement évoqué par les confrères concerne le service de déontologie, qui met parfois six à douze mois à rendre un avis, après relances. Ce délai est trop long. Nous voulons encadrer ces avis dans un délai beaucoup plus bref. . Nous augmenterons les moyens du service de déontologie.

Hannelore Schmidt :

Le volume des requêtes soumises aux commissions de déontologie et leur degré de technicité accru nécessite d’y mettre les moyens.

Les moyens de l’Ordre doivent être utilisés au service des avocats.

Quels sont d'après vous les principaux défis auxquels le barreau de Paris est confronté actuellement ?

Hannelore Schmidt :

Le principal défi est la modernisation de nos pratiques face aux évolutions sociétales et technologiques. L'Ordre doit être un partenaire actif dans cette transition, en soutenant les avocats dans leur adaptation aux nouvelles réalités du métier.

Benoît Deniau :

Il y a urgence.

Nous devons répondre aux attentes des avocats. L’Ordre doit pouvoir apporter des solutions, qu’elles soient déontologiques, disciplinaires, entrepreneuriales ou sociales, dans des délais courts, avec efficacité et clarté.

Qu'avez-vous de plus que les autres candidats ?

Hannelore Schmidt :

Ce qui me distingue, c’est que je suis au milieu de ma carrière professionnelle. Je partage les préoccupations de nos confrères. Les mesures que nous souhaitons mettre en œuvre Benoît et moi nous concernant aussi directement. C’est une garantie que nous les appliquerons.

Benoît Deniau :

Nous avons eu de nombreux échanges avec les confrères et consœurs, toutes matières et exercices confondus, ce qui constitue un prérequis pour mettre en place une politique ordinale partagée.

Nous mettrons en place des mesures concrètes, directement applicables aux avocats, pour diminuer leurs préoccupations.

L’exemple de la parité en atteste. Elle ne doit pas être un concept abstrait. Nous incarnons une parité appliquée, et cela nous semble essentiel.

Nos mesures visent tous les cabinets, quelle que soit leur taille, au profit de l’ensemble de la profession.

Ce mandat sera une transition pour permettre un exercice plus serein, adapté aux enjeux et aux attentes exprimées.

Propos recueillis par Arnaud Dumourier


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