La rentrée solennelle de l’EFB s’est déroulée le 9 janvier 2020 au Palais des Congrès, en présence, notamment, du parrain Bernard Cazeneuve, du directeur de l'EFB Pierre Berlioz et du bâtonnier de Paris Olivier Cousi.
L'intelligence artificielle, la controversée réforme des retraites, la protection et l'utilisation des données personnelles ou encore les questions environnementales ... Les défis ne manquent pas pour la nouvelle génération d'avocats qui entre cette année à l'EFB. Malgré ce paysage encombré, Pierre Berlioz, Olivier Cousi et Bernard Cazeneuve leur témoignent d'une grande confiance.
Une école qui enseigne l'esprit de la profession
Pierre Berlioz, le directeur de l'école, pose la question de l'utilité de cette formation qui intervient après des études déjà longues et énergivores. Et sa réponse est la suivante : L'école, emblème de la profession, donne naissance à l'avocat. Elle lui apprend à porter la robe et l'esprit de la profession. « Comme une chenille dans sa chrysalide, vous entrez à l'EFB ».
Pierre Berlioz insiste sur la nécessité, pour les avocats en puissance, de développer leur esprit critique durant ces 18 mois de formation. Certes, « avocat augmenté» est une expresison fréquemment entendue dans la profession. L'intelligence artificielle (IA) est évidemment vouée à accompagner de plus en plus le juriste. Seulement, la machine est efficace mais bête, « et voilà ce qui doit distinguer le juriste de la machine ». Le directeur prêche pour un juriste augmenté au sens de réfléchi, intelligent, qui pose les questions. « C’est le raisonnement qui fait de nous les juristes, c’est la méthode qui fait de nous des membres de cette grande communauté », conclut-il.
« Tradition, modernité »
Olivier Cousi, le nouveau bâtonnier de Paris, tient pour sa part un discours de mentor - réaliste mais optimiste - aux nouveaux élèves de l'école. Il l'admet sans ambages, les défis sont nombreux et nouveaux : enjeux de la transformation numérique, de l’accès au droit, de la sécurité juridique, de l’efficacité de l’optimisation des méthodes de travail, de communication, de visibilité, de présence des avocats, de conquête de nouveaux marchés ... Et puis il faut apporter des réponses aux ambitions des jeunes générations en matière d'équilibre de vies professionnelle et privée tout en conservant le contrat de collaboration libérale.
Face à ces nouveaux défis, les valeurs dont dépend le succès de la profession sont, elles, anciennes : ardeur au travail, courage, le respect des règles, la tolérance, la curiosité, la dignité. Olivier Cousi le dit, le métier a besoin des nouvelles générations pour les relever : « tradition, modernité ».
Enfin, les élèves devront participer à la défense et à l'œuvre de la justice, « à la protection et à la garantie du secret professionnel». Pour ce faire, l'école a pour ambition de former « des têtes bien faites et pas nécessairement bien pleines ».
Donner des valeurs et du sens à l'engagement dans la profession
Bernard Cazeneuve, parrain de la promotion, revient à l'essence même du droit. Il se rappelle : « Au moment où j'exerçais une autre responsabilité, une responsabilité politique, et où je devais prendre des décisions liberticides (en réponse aux attentats de 2015), j'étais fier de voir ma profession questionner et interpeller le pouvoir politique pour le rappeler à des principes qui devaient continuer à jalonner son chemin.»
L'ex Premier ministre en profite pour rappeler le rôle central du droit dans toutes les questions qui se posent en société actuellement. Les questions environnementales, d'IA, de données personnelles ou encore de multilatéralisme n'ont « aucune issue en dehors du droit.»
Les avocats doivent, aux yeux de Bernard Cazeneuve, être des acteurs qui redonnent du sens à la société, et pour ce faire, ils ne doivent pas perdre de vue les valeurs communes. Il en va du vivre ensemble.
«Des grands avocats républicains et humanistes ont été à l’origine de grands changements. Il en faut encore dans le futur », résume-t-il.
La rentrée solennelle s'est clôturée par la traditionnelle prestation du "petit serment" des 1.881 élèves avocats de la promotion Bernard Cazeneuve devant la cour d’appel de Paris présidée par Jean-Michel Hayat
Alice Magar et Arnaud Dumourier (@adumourier)