Le télétravail imposé pour tous pendant le premier confinement a plutôt bien réussi aux cabinets, puisque 60% des avocats considèrent que leur cabinet a bien géré la crise. Constat surprenant au regard de la culture traditionnelle des cabinets d'avocats, centrée sur un « présentiel » beaucoup plus fort qu'en entreprise.
Les nouvelles attentes des avocats
Avant l'annonce du second confinement, 68% des avocats affirmaient ne plus être en télétravail (ni total, ni partiel). Dans les structures françaises, seulement 29% des avocats étaient encore en home office en septembre. La différence se creuse avec les cabinets anglais où 44% des avocats étaient encore partiellement en télétravail.
« Les cabinets français sont majoritairement réfractaires à un maintien poussé du télétravail alors que les structures anglo-saxonnes envisagent quant à elles de pérenniser le travail à distance avec une moyenne de deux jours par semaine. » explique Agathe Delorme, Consultante en charge des recrutements des avocats chez Robert Walters.
Et si seulement 12% des avocats veulent conserver un rythme de télétravail soutenu, c'est-à-dire avec des visites ponctuelles au cabinet, 55% souhaitent avoir l'opportunité de faire du télétravail fréquemment, au moins une fois par semaine. « La capacité des cabinets à offrir souplesse et flexibilité dans l'organisation du travail s'impose comme un critère important pour les collaborateurs dans le choix de leur structure d'exercice. » commente l'experte en recrutement.
Un volume de recrutement maintenu
Si la première période d'isolement a inévitablement été accompagnée d'un ralentissement du marché du recrutement, 63% des avocats affirment que leur cabinet a recruté un ou plusieurs collaborateurs depuis le début de la crise. Au-delà des mouvements d'associés voire d'équipes qui avaient été amorcés avant la crise, de nouveaux recrutements sont envisagés.
Agathe Delorme ajoute : « Ce phénomène s'observe particulièrement dans les grandes structures françaises, qui semblent avoir eu, plus que les autres, les réserves financières nécessaires à un rebond dynamique. La reprise des embauches dans les cabinets anglo-saxons est plus lente, entravée par des ouvertures de poste soumises à validation des maisons mères américaines ou anglaises, et des budgets très contrariés. »
Les profils en vogue et l'impact sur les rémunérations
La crise sanitaire et les difficultés juridiques qu'elle entraîne ont immédiatement et drastiquement renforcé l'activité de certains départements des cabinets, sur le front depuis le mois de mars. Les profils experts en droit social, droit des entreprises en difficulté, droit des assurances et droit de la santé ont été particulièrement sollicités, au détriment de matières plus transactionnelles (M&A, private equity…) et du contentieux des affaires. Sur le plus long terme et pour la gestion de l'après crise, les experts du droit fiscal, du financement et du droit public des affaires seront également particulièrement recherchés.
Côté rémunération, 40% des avocats s'attendent à recevoir une augmentation lors de leur prochaine évaluation annuelle. « Les cabinets ayant opéré un gel des augmentations de salaire en raison de la crise cette année devront effectuer un rattrapage en 2021, affirme la chasseuse de têtes. Cette compensation sera essentielle pour gagner en compétitivité et en attractivité. D'ici à la fin de l'année 2021, l'impact de la crise Covid-19 sur les rétrocessions fixes des collaborateurs en cabinet d'avocat aura alors probablement été neutralisé. » conclut Agathe Delorme.
* Enquête Robert Walters réalisée auprès de plus de 100 avocats avant la mise en œuvre des mesures de reconfinement