Selon le rapport apport « M&A Insights : Q4 2020 » du cabinet Allen & Overy, les opérations de fusions-acquisitions impliquant des centres de données ont explosé en 2020, le premier semestre dépassant à lui seul l’ensemble des deals de 2019 du secteur. Cependant, ces opérations ne sont pas représentatives du niveau global de ces transactions, qui ont globalement enregistré un recul de 8 % en valeur et de 9 % en volume au niveau international, par rapport à 2019.
Données provenant de Refinitiv sur la période allant du 1er janvier 2020 au 7 décembre 2020
L’année 2020, marquée par un contexte global inédit et l’absence de visibilité à moyen terme, a incité les entreprises à conserver leur liquidité tout en protégeant leurs sources de revenu plutôt qu’à investir. Les chiffres en valeur comme en volume ont donc chuté de près de 10 % par rapport à 2019. Mais des secteurs ont tiré leur épingle du jeu, comme celui des centres de données qui a connu des opérations d’envergure.
Avec la numérisation galopante, les investissements dans les data centres explosent
La numérisation croissante et l’activité de stockage des données, décuplées par les confinements successifs et les nouveaux modes de travail, ont connu une année particulièrement importante, qui se traduit dans les opérations de M&A : 15 transactions en lien avec des centres de données d’une valeur d’environ 15 milliards de dollars ont été effectuées au premier semestre 2020, soit plus que l’ensemble des transactions du secteur en 2019. 2020 devrait d’ailleurs dépasser 2017, année de pointe pour les transactions liées aux data centres. La plus importante transaction jamais enregistrée pour un centre de données avec l’acquisition d’Interxion par Digital Reality pour 8,4 milliards de dollars a notamment été enregistrée dans le courant de 2020. Le secteur, qui connaissait déjà une croissance exponentielle avec le cloud computing, le développement de la 5G, les avancées de l’intelligence artificielle ou encore les objets connectés, consolide donc son expansion. Cet essor est mené par des entreprises technologiques d’envergure telles que Google, Amazon, Facebook, Microsoft, Alibaba ou Tencent qui continuent d’être très actives dans la recherche d’investissements et dans l’acquisition d’actifs.
Au niveau global, une année extraordinaire boostée par un deuxième semestre dynamique
Les transactions M&A au niveau global ont été stoppées net au début de l’année à l’annonce de la propagation de l’épidémie de Covid-19 à travers le monde, avec un effet clair sur les chiffres globaux de 2020. On constate donc une baisse de 8 % en valeur et de 9 % en volume de ces opérations par rapport à 2019. Si ce recul reste pourtant dans la continuité de la courbe décroissante amorcée en 2019 (avec une baisse de 7 % des transactions M&A par rapport à 2018), ne créant pas de rupture franche malgré le contexte, c’est grâce à la reprise extraordinairement forte de l’activité des transactions à partir de la fin de l’été, encouragée notamment par les fonds de Private Equity, les mécanismes de prêts étatiques et la multiplication des liquidités.
Même si les États-Unis restent à la fois l’investisseur le plus actif et le pays le plus ciblé par les transactions M&A, avec un total en valeur des opérations l’impliquant de 1 200 milliards de dollars, ils ne représentent plus que 38 % des transactions mondiales, accusant un recul de 10 % par rapport à 2019. Face à cette baisse, l’Europe de l’Ouest se distingue en affichant une augmentation de 8 % par rapport à l’année dernière. La France, grâce à des deals d’envergure comme l’OPA de Worldline sur Ingenico ou le rachat par Veolia de 29,9 % du capital de Suez, a par exemple connu une augmentation de 7 % en valeur de ces opérations par rapport à 2019. Mais la fin de la campagne présidentielle américaine, avec l’arrivée de Joe Biden à la tête des États-Unis, pourrait, en recréant un climat politique plus prévisible, inverser cette tendance et participer au retour de l’hégémonie américaine sur le marché des M&A.
« Les opérations M&A en 2020 ont bien entendu été touchées par la crise sanitaire, mais nous distinguons deux périodes : le premier semestre, où l’incertitude a grandement participé au ralentissement des transactions M&A, la priorité pour les groupes étant de préserver leur trésorerie, et le deuxième semestre, où la confiance a semblé revenir, avec une forte reprise à partir de juillet qui ne semble pas s’essouffler pour l’instant. La vaccination à grande échelle pourrait rassurer le marché courant 2021, même si le renforcement global du cadre règlementaire sur les opérations de fusions-acquisitions »