Le champ des avantages compétitifs de l’entreprise, qui sont à protéger, s’élargit et se complexifie. Les fonctions du juriste d’entreprise évoluent : de pilote de contentieux avec les avocats ou émetteur de notes sur des risques juridiques, le juriste devient un acteur de la stratégie de l’entreprise en apportant, en amont, des éléments de décision à la direction et des méthodes pour optimiser la protection et l’exploitation de ces avantages compétitifs.

Pour être un acteur de premier rang et non pas jouer un rôle de Cassandre, le juriste doit revisiter ses missions tout en prenant conscience de ses atouts, mais aussi veiller à faire évoluer la vision que les autres métiers ont du sien afin d’être pleinement entendu. Il a été dit que « les stratèges décident et les juristes écrivent ». C’est, certes, un rappel des missions fondamentales des métiers mais réactivité et efficacité conduisent aujourd’hui à mettre en place des démarches collaboratives intégrées plutôt que des interventions en séquence, sources d’incompréhension et de perte de temps.

Dans ce contexte, l’objectif de ce dossier est double :

D’abord, faire un focus sur le rôle particulier du juriste d’entreprise d’accompagnateur des innovations de l’entreprise. Devant le fourmillement des innovations et  la nouveauté de certaines d’entre elles, le juriste d’entreprise ne peut plus se contenter d’assumer un rôle à l’aval avec la gestion de contentieux en contrefaçon ou le pilotage administratif d’un portefeuille de brevets. Il doit intervenir en amont dans l’identification, la protection et la mise en capacité de l’entreprise de développer et d’exploiter des innovations en fonction de la stratégie retenue, avec une réactivité et une adaptabilité basées sur des méthodes nouvelles ;

Ensuite, mettre en lumière un deuxième rôle, moins connu, dans lequel le juriste d’entreprise est créateur d’innovations juridiques c'est-à-dire conçoit et met en œuvre des solutions devant permettre à l’entreprise de créer et conduire sa stratégie avec une sécurité juridique optimisée. Ce rôle doit non seulement être connu mais doit aussi être reconnu car il permet de générer des gains directs et indirects au bénéfice de l’entreprise.

Ce Dossier Spécial cherche à faire partager des expériences et des méthodes que les auteurs ont créées, expérimentées et mises au point au gré de leur parcours. Partager, faire savoir ne sont-ils pas le début de la reconnaissance ?

Véronique Chapuis-Thuault, Administrateur AFJE et Carole L’Excellent, Membre AFJE

A propos

Cet article provient du numéro 18 de Juriste Entreprise Magazine (JEM), magazine de l'Association Française des Juristes d'Entreprise (AFJE) dont le dossier spécial s'intéresse au juriste, acteur de l'innovation.