Un après la tribune publiée dans le journal Le Monde pour dénoncer « le dilemme intenable auquel ils sont tous les jours confrontés : "juger vite mais mal, ou juger bien mais dans des délais inacceptables" », magistrats, avocats, greffiers et personnels du ministère de la Justice se sont rassemblés devant le Tribunal judiciaire de Paris pour dénoncer une « une justice au rabais ».
Il y a un an, dans un contexte de lancement des états généraux de la justice, les professionnels de justice se sont mobilisés pour dénoncer leurs conditions de travail.
À l’appel des syndicats de magistrats, greffiers et avocats, les professionnels de justice se sont rassemblés devant le Tribunal judiciaire de Paris pour dénoncer une « une justice au rabais ». Un an après la parution de la tribune, « la réalité du terrain, ce sont toujours des audiences surchargées qui se terminent trop souvent au milieu de la nuit, des délais au-delà du raisonnable, des jugements non expliqués, des décisions exécutées plusieurs mois – voire années – après. Ce sont toujours des tribunaux vétustes et des logiciels des années 90. Ce sont toujours des magistrats qui, en dépit des attaques à leur indépendance, renoncent à leurs congés et à leurs formations pour rédiger leurs décisions, des greffiers et fonctionnaires, relégués ou précarisés, qui renoncent à se faire payer leurs heures supplémentaires et des avocats contraints d’assister les citoyens dans un service public dégradé qu’ils subissent également. Ce sont des professionnels en proie à une perte de sens qui s’épuisent au travail et des justiciables réduits à l’état de "dossiers" et de "stocks" » indiquent les organisations dans le communiqué de l'intersyndicale.
Ce rassemblement intervient un mois après le décès de la magistrate Marie Truchet, vice-présidente du tribunal correctionnel de Nanterre, en pleine audience de comparution immédiate à Nanterre. D'autres rassemblements étaient prévues en juridictions. Par ailleurs, les magistrats étaient appelés à renvoyer toutes les audiences, et l’ensemble des professionnels de justice, avocats, fonctionnaires de greffe et agents contractuels, équipes éducatives, personnels pénitentiaires, d’insertion et de probation, magistrats à participer aux rassemblements dans leurs juridictions.
Interrogée par Le Monde du Droit, la présidente du Syndicat de la Magistrature Kim Reuflet a déclaré : « Les choses n'ont pas changé dans les juridictions. La justice continue d'être rendue dans des conditions très dégradées. Il faudrait un plan d'action clair pour nous dire comment mieux travailler et comment faire en sorte que l'on ne termine pas les audiences à une heure du matin. Les magistrats, les avocats et les greffiers doivent avoir des conditions de travail dignes dans l'intérêt du justiciable ».
Arnaud Dumourier (@adumourier)