Ministère de la Justice : Eric Dupond-Moretti laisse place à Didier Migaud

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La passation de pouvoir entre Éric Dupond-Moretti et Didier Migaud au ministère de la Justice s'est déroulée ce lundi 23 septembre 2024 à 10h à la Chancellerie.

Bilan d’Éric Dupond-Moretti : des réformes et des regrets

Dans son discours d'adieu, Éric Dupond-Moretti a mis en avant l'augmentation significative des moyens alloués à la justice. Il a rappelé que « le budget du ministère était de 7,6 milliards d’euros en 2020, il avoisine les 10 milliards d’euros en 2024 »​. Cette hausse budgétaire a permis le recrutement de milliers de personnels, notamment « plus de 680 magistrats, plus 560 greffiers, plus de 3000 contractuels, 330 personnels de la PJJ et plus de 4 000 personnels pénitentiaires »​. Il a également mentionné avec fierté certaines des réformes qu'il a portées, comme « la criminalisation des relations sexuelles avec des mineurs de moins de 15 ans » et « la constitutionnalisation de la liberté d’interrompre volontairement sa grossesse »​.

Il a particulièrement insisté sur la nécessité de respecter la loi de programmation pour la justice, votée en octobre 2023 : « Il est indispensable, monsieur le garde des Sceaux, que la loi de programmation pour la justice que j’ai portée et qui a été votée par le Parlement en octobre dernier soit respectée. Une trahison de cette loi serait un signal dévastateur adressé à tous ceux qui servent notre justice »​. Cette loi prévoit notamment « l’embauche de 1 500 magistrats, 1 800 greffiers, plus de 1 100 contractuels et la poursuite du plan de construction pénitentiaire ».

Cependant, Eric Dupond-Moretti a exprimé des regrets, notamment l'absence de temps pour faire voter un grand texte contre le narcotrafic, qu’il laisse à son successeur. Il a également déploré le regard sévère que certains portent sur la justice française, soulignant que « nos prisons n’ont jamais été aussi pleines et tous les chiffres démontrent que la justice n’a jamais été aussi sévère »​.

Enfin, il a regretté la critique démagogique de la justice, appelant à ne pas opposer police et justice : « Ceux qui opposent police et justice se trompent lourdement »​.

Les ambitions de Didier Migaud

Didier Migaud, quant à lui, a pris ses fonctions en rendant hommage à son prédécesseur, tout en soulignant son propre parcours. Il a rappelé les noms prestigieux de ceux qui l'ont précédé dans cette fonction, comme Robert Badinter et Christiane Taubira, affirmant : « C’est un immense honneur pour moi que de leur succéder ».

Conscient des défis à relever, Didier Migaud a affirmé que sa mission première serait de « renforcer la confiance des citoyens dans l’institution judiciaire »​ parce que « la défiance dans nos institutions est un mal – injuste mais réel – qui ronge le vivre ensemble, ne reconnaît pas les efforts accomplis et nie l’intérêt général, alors que celui-ci devrait primer par-dessus tout ».
Il a exprimé son souhait d'engager de larges consultations avec l'ensemble des acteurs du système judiciaire : « Je compte ouvrir de larges consultations, rencontrer tout le monde, conférences, organisations syndicales et représentants des professions, mais aussi directement, sur le terrain, magistrats, agents et professionnels qui connaissent les défis, grands et petits ».
Cette approche inclusive vise à apporter des solutions pratiques aux problèmes qui touchent au quotidien de la justice française, tels que l’administration pénitentiaire, qu’il a qualifiée de « souffrante depuis tant d’années »​.

Didier Migaud place la proximité entre justice et citoyens au cœur de son projet pour le ministère. Pour lui, la justice doit être non seulement plus rapide et plus juste, mais aussi mieux comprise par ceux au nom desquels elle est rendue. « Mon objectif est de contribuer à créer du consensus, dans une institution éminente qui a pu en manquer parfois – je pense que vous ne me contredirez pas, Monsieur le Ministre –, sur la nécessité de faire progresser la justice pour la rendre plus proche des citoyens, plus juste, plus rapide. Ce n’est pas à vous que j’apprendrai l’importance cruciale de la justice, rendue, je le rappelle au nom du peuple français, pour le bon fonctionnement d’une démocratie. Cela mérite bien de dépasser quelques clivages… » a-t-il conclu.

Arnaud Dumourier


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