Bâtonnat de Paris 2026-2027 : les propositions de Louis Degos et Carine Denoit-Benteux

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Louis Degos et Carine Denoit-Benteux, candidats au Bâtonnat et vice-Bâtonnat du barreau de Paris pour 2026-2027, mettent en avant leur complémentarité et leur expérience des institutions. Leur programme s'articule autour de quatre axes : l'influence, l'humain, l'économie et la modernisation

Pourquoi êtes-vous candidats au Bâtonnat ?

Carine Denoit-Benteux :

Ce mandat exige une collaboration étroite et une grande confiance. Louis et moi avons tissé un solide partenariat depuis notre première campagne au Conseil de l’Ordre en 2010. Nous avons ensuite siégé six ans ensemble au Conseil national des barreaux. Cette double expérience nous permet d’avoir une vision complète et précise des enjeux institutionnels du barreau, un atout essentiel pour mener des actions efficaces.

Notre complémentarité est au cœur de notre démarche, avec notre slogan "ensemble plus fort". Louis apporte sa perspective d’associé en cabinet d’affaires et d’arbitre, tandis que j’ai une expérience en droit de la famille et en médiation.

Louis Degos :
Pourquoi maintenant ? Nous avons occupé des fonctions de responsabilité jusqu'à début 2024, assurant ainsi une continuité dans le suivi des dossiers sans interruption. Avec 24 ans de mandat chacun, nous avons acquis une connaissance approfondie des problématiques actuelles et des enjeux de demain, tant pour notre profession que pour les valeurs de démocratie, d’État de droit et de libertés individuelles.

Quels sont les principaux axes de votre programme ?

1. L'influence

Nous souhaitons transformer les commissions ouvertes du barreau de Paris en vrais collèges d'experts, incluant des magistrats et des professeurs, pour créer du lien et être force de proposition sur l'évolution des pratiques et des textes. Nous voulons aussi mettre des avocats ambassadeurs dans chaque ministère pour avoir un relais et renforcer l'influence du barreau au niveau national et européen.

2. L'humain

Nous proposons d'internaliser des professionnels du recrutement pour aider à la mise en relation entre cabinets et collaborateurs, notamment pour les premières collaborations et les besoins ponctuels. Cela pourrait s'étendre à d'autres services comme la recherche de locaux ou la gestion d'office managers. Nous voulons aussi répondre aux besoins de télétravail qui sont de plus en plus exprimés par les confrères.

3. L'économie

Pour résoudre les problèmes de trésorerie des cabinets, on propose d'introduire l'injonction de payer pour les honoraires d'avocat. Dès lors qu'il y a une facture et un commandement de payer, si le client n'a pas saisi l'ordre pour contester, la facture se transformerait en injonction de payer.

4. La modernisation

Nous voulons moderniser les contrats de collaboration et les différentes façons de travailler ensemble. Notre projet est de créer des contrats reformatés en ligne, toujours à jour.

Nous voulons proposer des contrats de collaboration libérale, de collaboration salariée, avec une réflexion à mener sur la collaboration salariale. Nous pensons qu'il faut aussi réfléchir à des contrats de partenariat, de sous-traitance, de co-traitance, pour répondre aux nouvelles façons de travailler ensemble, notamment chez les jeunes avocats.

Il y a aussi le sujet de l'apport d'affaires qu'on doit absolument faire évoluer. Nous avons porté ce sujet au CNB, et même si nous avons été mis en minorité, nous pensons qu'il faut continuer à travailler sur ce point.

Concernant le numérique, nous constatons une certaine fracture numérique dans la profession. Nous proposons de provoquer un grand 'boom du numérique', une sorte d'impulsion pour mettre à jour les compétences de tous les avocats en matière d'informatique.

Nous voulons aussi mettre à disposition de tous les confrères, sans condition, un logiciel de gestion (ERP) gratuit avec les fonctions indispensables : ouverture de dossiers avec contrôle de conflit.

Notre objectif est de libérer l'avocat de la dépendance aux informaticiens, aux logiciels et à l'intelligence artificielle. Nous voulons que l'avocat soit maître de sa technologie informatique.

Quels sont les dysfonctionnements à l'Ordre ? Que proposez-vous comme solution(s) ?

Nous avons identifié une certaine lourdeur dans le fonctionnement de l'Ordre, qui est une grosse administration. Le problème principal est que les bâtonniers changent tous les deux ans, ce qui nuit à la continuité du management. Contrairement au CNB qui a un directeur général et une directrice générale adjointe, l'Ordre manque d'un management permanent au-delà des mandats de deux ans. Notre solution serait de passer d'une pure administration à quelque chose qui ressemble plus à une entreprise, avec un meilleur management et une vision à long terme.

Quels sont d'après vous les principaux défis auxquels le barreau de Paris est confronté actuellement ?

Les principaux défis pour le barreau de Paris sont :

  • La formation des jeunes avocats face à l'intelligence artificielle et au télétravail. Il faut repenser la formation pour s'adapter à ces nouvelles réalités.
  • L'internationalité : Paris doit maintenir sa place dans la 'guerre du droit' entre common law et droit civil continental. C'est un enjeu crucial pour l'avenir de la profession à Paris.

Qu'avez-vous de plus que les autres candidats ?

Nous formons une équipe soudée et expérimentée, avec une compréhension fine des institutions et des rouages de la profession. Cette expérience commune, notre complémentarité et notre engagement total sont nos atouts pour faire avancer la profession.

Propos recueillis par Arnaud Dumourier


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