Les analyses se font maintenant plus précises sur l’impact de la conjoncture actuelle sur les cabinets d’avocats. La crise financière prend des allures de récession mondiale et la pratique du droit sera affectée comme les autres secteurs de l’économie.
Les effets de la débâcle du secteur financier sont évidents : une diminution très sensible du volume de travail sur les fusions et acquisitions et opérations à effet de levier ainsi qu’une diminution brutale du travail généré par la création ou la gestion de produits dérivés complexes qui, jusque là, occupaient le temps de beaucoup d’avocats. Les fonds et autres institutions financières d’où provenait ce travail vont tailler dans leurs effectifs d’environ 20 à 25%. Ils feront de même sur l’ensemble de leurs budgets et il y a peu de chance que les budgets juridiques soient épargnés.
D’autres effets plus inattendus auront aussi un impact fort sur les avocats. Des études conduites aux Etats-Unis établissent qu’il y a une corrélation forte entre les rémunérations des dirigeants de sociétés et le niveau de rémunération de leurs avocats. Dans une tendance généralisée de limitation des rémunérations très élevées des dirigeants, les avocats suivront le même sort.
Une autre raison de la baisse d’activité possible des avocats va résulter d’une diminution générale de la tolérance au risque. Moins le risque est toléré, plus les habitudes et procédures des entreprises sont standardisées et moins il y a besoin de recourir aux avocats.
Les réflexes à avoir
Dans un tel bouleversement de l’économie mondiale, rien n’est pire que de rester les bras croisés. Le premier effort à faire est un effort d’imagination. Beaucoup d’avocats vont voir certains de leurs meilleurs clients fondre et même disparaître. Il faut commencer dès maintenant à imaginer ce que pourrait être la vie sans ces clients.
Ne pas rester la tête dans le guidon. Beaucoup de cabinets d’avocats sont très occupés en ce moment. Dans tous les domaines les plus touchés par la crise, le travail de restructuration bat son plein. Pour les vrais spécialistes dans ce domaine, il y aura probablement assez de travail pour les mener jusqu’aux jours meilleurs qui finiront par arriver. Pour les autres, l’importance de ce travail de restructuration est un épiphénomène dont il faut anticiper le ralentissement.
Ne pas compenser la diminution du volume de travail par une augmentation des prix. Une telle stratégie peut avoir des effets dévastateurs. Cette période est encore plus difficile et anxiogène pour les clients que pour leurs avocats. Les avocats habiles se rapprocheront de leurs clients pour discuter des questions de facturation dans ces temps difficiles et consolideront leurs relations au lieu de les tendre.
Ne tenir compte que du vrai chiffre d’affaires. Dans les moments difficiles, il est tentant pour certains de maintenir une apparence. Dans les rapports entre associés, le réalisme est crucial. Qu’il s’agisse du chiffre d’affaires facturé qui risque de ne pas être payé, qu’il s’agisse d’anticipations trop optimistes dans les budgets, il faut avoir le courage de faire preuve de transparence et de réalisme. C’est un facteur décisif de cohésion dans la tourmente.