Norton Rose Fulbright publie sa sixième étude sur les transports.
Selon la sixième étude du cabinet d’avocats d’affaires international Norton Rose Fulbright sur les transports, "The Way Ahead", une véritable division de l’opinion se dessine entre les secteurs aérien et ferroviaire et le secteur maritime.
· 33 % des personnes interrogées sur l’activité du secteur maritime évaluent les conditions actuelles du marché de manière favorable, contrairement à 88 % des personnes interrogées sur le transport aérien et 91 % sur le transport ferroviaire ;
· 64 % des personnes interrogées dans le maritime évoquant des conditions de marché défavorables mettent en cause la surcapacité du secteur ;
· 37 % des personnes interrogées dans l’aérien et 40 % dans le ferroviaire indiquent que les conditions de marché favorables sont liées à la disponibilité de financement dédié à la croissance ;
· Le marché de la dette bancaire devrait représenter la principale source de financement du transport ;
· 81 % de l’ensemble des personnes interrogées prévoient une augmentation du nombre de passagers et des volumes de fret ;
· L’hégémonie croissante d’acteurs de taille plus importante est le changement majeur le plus probable dans le secteur des transports au cours des cinq prochaines années ;
· La Chine devrait offrir les meilleures possibilités d’investissement ;
· Parmi les principales préoccupations, on retrouve le ralentissement des marchés émergents, l’incertitude politique et économique persistante au niveau mondial et la réglementation.
Parmi les professionnels interrogés dans le secteur maritime, la confiance s’est brusquement détériorée au cours de l’année écoulée. Seul un tiers d’entre eux indique que les conditions actuelles du marché sont favorables, contre 69 % en 2014. La raison principale invoquée est la surcapacité chez 64 % des répondants estimant que les conditions actuelles du marché sont défavorables.
En revanche, 88 % personnes interrogées dans le secteur aérien et 91 % dans le secteur ferroviaire rapportent que les conditions actuelles du marché sont favorables pour leurs secteurs, contre 75 % et 81 % l’année dernière. Cet optimisme croissant est attribué au financement plus facilement disponible pour l’investissement et la croissance, à un retour anticipé de la stabilité économique sur des marchés clés et à l’émergence de nouvelles opportunités. La réduction du prix du pétrole et la chute conjointe des coûts du carburant sont également favorables au secteur aérien.
Environ la moitié des personnes interrogées dans les secteurs aérien et ferroviaire et un tiers de celles interrogées dans le secteur maritime s’attendent à ce que des fonds supplémentaires soient alloués aux investissements plutôt qu’aux frais d’exploitation, au cours des cinq prochaines années. L’enquête indique que le financement provient probablement d’un large éventail de sources. La proportion de personnes interrogées anticipant que la dette bancaire traditionnelle devienne la principale source de financement du secteur est à son niveau le plus élevé depuis le début de l’enquête « The Way Ahead » en 2009.
81 % de l’ensemble des personnes interrogées s’attendent à ce que le nombre de passagers ainsi que les volumes de fret augmentent au cours des cinq prochaines années. Environ la moitié s’attend à ce que les tarifs et le fret augmentent pendant la même période.
L’hégémonie croissante d’acteurs de taille plus importante est le changement majeur le plus probable dans le secteur des transports au cours des cinq prochaines années, tandis que les personnes interrogées dans le secteur ferroviaire estiment que la disponibilité de nouvelles sources de financement sera à l’origine du remaniement du secteur.
La Chine devrait offrir les meilleures possibilités d’investissement au cours des cinq prochaines années. Par conséquent, le ralentissement des marchés émergents est perçu comme étant la plus grande menace pour le secteur des transports pendant la même période. L’impact de l’incertitude politique et économique persistante et des événements géopolitiques dans le monde préoccupent également les personnes interrogées.
Selon Christine Ezcutari, responsable à Paris du secteur des transports maritimes et ferroviaires chez Norton Rose Fulbright : « Tandis que les perspectives pour le transport aérien et ferroviaire sont de plus en plus encourageantes, de nombreux secteurs du transport maritime continuent à subir la crise de plein fouet, essentiellement en raison de l’offre excédentaire. »
"Une durée plus longue, l’augmentation anticipée de la demande, l’augmentation des tarifs et du fret et des investissements accrus dans l’innovation et les infrastructures sont susceptibles de créer de nouvelles opportunités dans le secteur des transports."
"Malgré de nouvelles opportunités émergentes, le secteur des transports doit relever un certain nombre de défis bien réels. Pour les personnes interrogées, il est évident qu’une plus grande transparence de la réglementation et des investissements plus importants dans les infrastructures seraient bénéfiques."
Pour Marc Hamilton, associé au bureau de Paris au sein de l’équipe dédiée au transport aérien : « Le fort intérêt pour les aéronefs, neufs et d’occasions, couplé à des sources de financement nombreuses et variées, tirent le secteur vers le haut depuis plusieurs années et cette tendance devrait se confirmer dans les prochaines années. Seul le prix bas du pétrole pourrait commencer à impacter les liquidités dans certaines régions et ainsi freiner les investissements »
Confiance accrue dans le secteur aérien
La confiance dans le secteur aérien est en hausse. En effet, 88 % des personnes interrogées estiment que les conditions actuelles du marché sont favorables à leur activité, contre 75 % en 2014.
Les principales raisons de cette confiance sont liées à la conviction que le financement et les investissements sont à présent disponibles (37 %) et que la stabilité économique sera de retour sur les marchés clés (29 %). Cette année, le secteur aérien semble avoir plus facilement accès au financement. En effet, en 2014, seul 11 % des répondants avait cité la disponibilité des financements comme éléments favorable du marché.
Parmi les personnes pessimistes sur l’état du marché de l’aviation, 40% évoquent un contexte économique mondial incertain. Parmi les autres préoccupations citées, 20% ont trait aux restrictions opérationnelles gouvernementales, par exemple les obstacles réglementaires et commerciaux et 20% évoquent des problèmes de surcapacité.
Possibilités en matière d’investissement
Selon les professionnels du secteur aérien interrogés, les opportunités en matière d‘investissement sont diverses :
· Acquisition d’avions supplémentaires (30% des personnes interrogées contre 25 % en 2014, ce malgré plus de 20 % des répondants soulignant des problèmes de surcapacité, confirmés par l’enquête) ;
· Création de coentreprises, sous forme de groupements et d’alliances (28%)
· Fusions et acquisitions (5%)
Ils évoquent certains marchés porteurs ou nouveaux comme pouvant offrir les meilleures perspectives sur les deux à cinq prochaines années, parmi lesquels :
· L’Amérique du Nord (30% contre 9% en 2014) ;
· La Chine et l’Asie du Sud-Est (28%, contre 16 % pour la Chine et 11 % pour l’Asie du Sud-Est en 2014).
Par ailleurs, 74% des sondés sont convaincus que les investissements dans les infrastructures augmenteront (52% en 2014). Nul n’envisage une chute dans les investissements d’infrastructures en 2015 (12 % en 2014).
Sources de financement, stratégie et aides gouvernementales
Parmi les principales sources de financement du secteur dans les deux prochaines années les sondés identifient :
· Les marchés financiers et les obligations (27%) ;
· La dette bancaire (23% contre 13% en 2014).
La part la plus importante de la stratégie des entreprises du secteur aérien au cours des 12 prochains mois serait consacrée selon eux à :
· La réaffectation des capacités actuelles provenant de secteurs et de clients stagnants ou croissants (20%) ;
· La levée de capitaux propres et l’emprunt (19 %) ;
· La commande de nouveaux aéronefs (17 %, malgré les problèmes de surcapacité).
En matière d’aides gouvernementales, les plus utiles pour le secteur demeuraient principalement :
· L’investissement dans les infrastructures (58%) ;
· L’allègement de la taxe sur les passagers et les carburants (55%) ;
· L’assouplissement de la réglementation (45%).
Parmi les investissements en infrastructures nécessaires, les professionnels interrogés évoquent :
· Les aéroports (51%) ;
· Les infrastructures multimodales combinant ferroviaire, routier et aéroportuaire afin de fluidifier la chaine d’approvisionnement (44%) ;
Principaux défis à relever pour l’aérien
L’intervention de l’État est évoquée comme un enjeu majeur avec parmi les raison invoquées :
· Une efficacité opérationnelle du secteur aérien mise en danger par l’intervention de l’Etat et la création de règles hétérogènes (15%) ;
· Des contrôles réglementaires généraux contraignants (13%).
Lorsqu’on demande aux sondés de citer les réglementations ayant eu le plus d’impact sur leur secteur, 30% des personnes interrogées n’ont mentionné aucune loi en particulier mais font référence à l’application et à l’exécution incertaine des nouvelles réglementations et de la réglementation actuelle. Les autres citent :
· Le renforcement de la réglementation environnementale (18%) ;
· La surveillance accrue des Autorités de concurrence (18%) ;
· Les règles de concurrence et les barrières à l’entrée (15%).
Parallèlement aux espoirs placés sur les marchés chinois et d’Asie du Sud-Est en termes de potentiel pour les investissements, les professionnels perçoivent des risques sur les perspectives économiques des marchés émergents. Parmi ces risques, pour les cinq prochaines années, ils évoquent :
· Le ralentissement de la croissance dans les pays émergents (33%) ;
· Les événements géopolitiques hors zone euro (23%) ;
· L’augmentation de la menace terroriste (20%) ;
· L’augmentation des taux d’intérêt et des frais de financement (3% seulement pensent qu’il s’agit de la plus grande menace pour le secteur de l’aviation contre 14 % dans le ferroviaire et 12 % dans le maritime).
Parmi les autres enjeux cités :
· La disponibilité et le coût du carburant (en forte baisse : 8% en 2015, 27 % en 2014) ;
· La pénurie de travailleurs qualifiés (10%).
Cependant, à l’instar des secteurs maritimes et ferroviaires, seules 3% des personnes interrogées évoquent l’augmentation des effectifs et des compétences comme possibilité d’investissement optimale.
Enfin, comme dans tous les autres secteurs du transport, un déséquilibre entre l’offre et la demande créant de la surcapacité constitue la plus grande source de préoccupation (26 % des interrogés, contre 12 % en 2014).
Des perspectives optimistes soutenues par de nouvelles sources de financement dans le secteur ferroviaire
Les acteurs du transport ferroviaire affichent l’optimisme le plus résolu. A 91 % les sondés de ce secteur estiment en effet que les conditions actuelles de marché sont favorables, contre 88 % dans le secteur de aérien et seulement 33 % dans le maritime. 86 % des personnes interrogées pensent que le nombre de passagers et les volumes de fret augmenteront au cours des cinq prochaines années. 59 % affirment que les tarifs, le fret ainsi que les investissements dans les infrastructures augmenteront.
La raison principale de cet optimisme repose sur la disponibilité de fonds pour l’investissement et la croissance (40%), suivie par l’émergence de nouvelles opportunités (25 %).
Au cours des deux prochaines années, la dette bancaire devrait constituer la principale source de financement (27%), suivie par les marchés financiers et les obligations (24 %) et l’aide gouvernementale (22 %). Le capital-investissement devrait lui-aussi également contribuer significativement au financement (15 %). Les acteurs du secteur ferroviaire se tournent donc désormais principalement vers des sources de financement privées là où le financement public était auparavant la principale forme d’aide.
Marchés clés, stratégie et enjeux
Parmi les marchés offrant les meilleures perspectives d’investissement sur les deux à cinq prochaines années sont citées par les répondants du secteur en priorité :
· L’Europe occidentale (62%) ;
· La Chine (19%) ;
· L’Australie et la Nouvelle-Zélande (14%).
La part la plus importante de la stratégie des entreprises au cours des 12 prochains mois serait consacrée selon eux à :
· La commande de matériel roulant neuf (24%) ;
· L’augmentation des capitaux propres et d’emprunts (22%) ;
· La réaffectation des capacités actuelles provenant de secteurs et de clients stagnants ou croissants (19%).
Plusieurs enjeux pèseraient principalement sur le secteur, parmi lesquels :
· L’incertitude politique et économique persistante au sein de la zone euro (50%), certainement car ce marché offre, pour 62% des interlocuteurs, les meilleures possibilités d‘investissement à court terme ;
· Le ralentissement des marchés émergents (23%) ;
· L’augmentation des taux d’intérêt ou des frais de financement (14%).
Rôle de l’État
Pour un tiers (32 %) des personnes interrogées, l’intervention de l’État créée de règles du jeu inégales et représente, au même titre que des infrastructures inadaptées, le plus grand défi du secteur.
Les enjeux en matière de réglementation concerneraient en priorité :
· Les règles de concurrence et les barrières à l’entrée qui impactent le marché (38%) ;
· L’application et l’exécution incertaine des nouvelles réglementations et de la réglementation existante (29%, contre 30% dans le secteur aérien et 25% dans le maritime).
Parmi les investissements les plus importants à réaliser par les pouvoir publics sont cités :
· L’investissement ciblé sur les infrastructures ferroviaires (55%) ;
· Les infrastructures multimodales combinant ferroviaire, routier et aéroportuaire afin de fluidifier la chaine d’approvisionnement (41%)
Ainsi, une grande majorité des sondés (91 %) pense que l’investissement dans des infrastructures constituerait la forme la plus utile d’aide gouvernementale apportée au secteur. Elle est suivie par une plus grande transparence dans l’application et l’exécution de la réglementation existante et de projets de réglementation qui serait la forme la plus efficace d’aide publique (41%).
Le secteur maritime anticipe des conditions de marché difficiles
Seuls 33 % des personnes interrogées dans ce secteur estiment que les conditions actuelles du marché sont bonnes (elles étaient 69 % en 2014). Ce déclin d’optimisme serait lié en grande partie aux problèmes de surcapacité et aux nouvelles commandes de construction navale (64 %), suivis par l’incertitude économique mondiale (27 %). La surcapacité, qui préoccupait 40% des répondants uniquement en 2014, constitue également un défi majeur : à 55 % les sondés mentionnent des déséquilibres entre l’offre et la demande (ils étaient 36 % en 2014). S’en suit le manque de personnel dûment qualifié (15 %), même si, à contrario, seulement 4 % des sondés considèrent que l’augmentation des effectifs ou des compétences constituerait une priorité.
Opportunités, tendances du marché et stratégie
Dans ce contexte incertain, certains marchés apparaissent aux yeux des professionnels du maritime comme prioritaires sur les deux à cinq prochaines années, parmi lesquels :
· La Chine (37% contre seulement 18% en 2014) ;
· L’Inde (31% contre 5% en 2014) ;
· L’Asie du Sud-Est (21% contre 11% en 2014).
Selon les personnes interrogées, les opportunités en matière d‘investissement seraient constituées par :
· Les fusions-acquisitions (29%) ;
· Les coentreprises, alliances ou groupements (28 %) ;
· Le développement vers de nouveaux secteurs d’activité (10%) ;
· L’acquisition de nouveaux navires (9% malgré le warning mis sur la surcapacité du secteur) ;
· Les améliorations technologiques (6%) ;
· Les nouveaux marchés géographiques (5%) ;
· L’amélioration des infrastructures (5%) ;
· L’augmentation des effectifs ou des compétences (4%).
Au cours des cinq prochaines années, selon elles le secteur devrait évoluer :
· Domination accrue des plus gros acteurs du secteur (37% des personnes interrogées) ;
· Augmentation des coentreprises, alliances et groupements d‘entreprises (28%);
· Apparition de nouvelles sources de financement (18%) plutôt que de nouveaux acteurs sur le marché (6%).
Cette dernière tendance illustre parfaitement la solidité des barrières qui subsistent à l’entrée du secteur maritime qui génère nombre de coentreprises avec des acteurs déjà établis pour les nouveaux entrants.
Aussi, la part la plus importante de la stratégie des entreprises au cours des 12 prochains mois devrait porter sur :
· Les alliances stratégiques, coentreprises et groupements (20% des personnes interrogées) ;
· La cession d’actif non-essentiels (15%) ;
· Les levées de fonds propres et d’emprunt (15%) ;
· Les commandes de nouveaux navires (7% malgré le warning mis sur la surcapacité du secteur).
Sources de financement et aide gouvernementale
Les sources de financement potentielles privilégiées par le secteur maritime sur les deux prochaines années auraient évoluées. Elles seraient désormais constituées par :
· La dette bancaire (28%, soit son plus haut niveau depuis la parution de la première étude The Way Ahead en 2009 contre 21% en 2014) ;
· Les marchés financiers et obligations (19% contre 16% en 2014) ;
· Les crédits à l’exportation (11% contre 6% en 2014).
· 52% des personnes interrogées pensent que la forme la plus utile d’aide gouvernementale apportée au secteur maritime se ferait par le biais d’investissements en matière d’infrastructures. Ces investissements devraient en priorité se diriger vers :
· Les infrastructures multimodales combinant ferroviaire, routier et aéroportuaire er portuaires afin de fluidifier la chaine d’approvisionnement (66%)
· Les infrastructures portuaires (32%) ;
Poids de la réglementation
La réglementation continue de peser sur le développement du secteur et en particulier les sondés citent comme ayant eu un impact important :
· Le renforcement de la réglementation environnementale (49%) ;
· L’application et l’exécution incertaine de la réglementation (25%) ;
· L’introduction et l’extension de sanctions économiques (14% contre 13% dans l’aérien et 0% dans le ferroviaire).
En outre, pour près de la moitié des personnes interrogées (49%), une transparence accrue dans l’élaboration et l’application des réglementations existantes ou en cours de création serait l’aide publique la plus utile à leur secteur d’activité.