Création d'entreprise : de la volonté au passage à l'acte

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France Stratégie publie une étude sur les créations d'entreprise en France. Il ressort de celle-ci un écart entre la volonté de créer une entreprise et le passage à l'acte expliqué par un « effet pays ».

Depuis 2000, les créations d'entreprise ont fortement progressé en France, passant de 200 000 par an environ à plus de 800 000 en 2019. Malgré ce dynamisme, la proportion de nouveaux entrepreneurs se situe en France en dessous de la moyenne de l'OCDE. Paradoxalement, la volonté d'entreprendre en France atteindrait un très haut niveau, supérieur même à celui des États-Unis. Comment expliquer cet écart en France entre la volonté de créer une entreprise et le passage à l'acte?

A partir des données les plus récentes (mais déjà anciennes - elles s'arrêtent en 2014) de l'enquête internationale Global Entrepreneurship Monitor (GEM), France Stratégie montre que cet écart n'est pas lié à un effet de structure de la population (âge, sexe, niveau d'éducation etc.) mais plutôt à un « effet pays ». Aussi faut-il, pour favoriser le passage à l'acte d'entreprendre en France, agir d'abord sur les facteurs institutionnels, réglementaires, économiques et culturels.

Le boom entrepreneurial qu'a connu la France depuis 2000 témoigne d'un rattrapage alimenté par des changements institutionnels et législatifs en faveur de la création d'entreprise, notamment la loi Dutreil pour l'initiative économique en 2003 et l'instauration du statut d'autoentrepreneur en 2009 - transformé depuis en micro-entrepreneur. La France est le pays où la volonté d'entreprendre a le plus progressé depuis 2000, mais la proportion d'entrepreneurs restait en 2018 inférieure à la moyenne de l'OCDE. Les Français concrétisent moins qu'ailleurs leur volonté en acte : comment expliquer cet atypisme français ?

La moindre création d'entreprise en France peut s'expliquer par deux catégories de facteurs :

- la structure de la population : l'âge, le sexe (les femmes représentent 38 % des nouveaux entrepreneurs), le niveau d'éducation et la situation professionnelle (environ 12 % des personnes travaillant à temps plein ont la volonté d'entreprendre, contre 19 % des chômeurs). Cependant, les caractéristiques des populations n'expliquent qu'une part minoritaire des écarts de probabilité pour ce qui est de la volonté d'entreprendre, et quasi nulle pour ce qui est du passage à l'acte.

- l'environnement économique, réglementaire et culturel de la France, qui est moins propice à l'entrepreneuriat. L'enquête National Expert Survey du Global Entrepreneurship Monitor montre que la France offre un environnement moins adapté à l'entrepreneuriat. La base de données PMR (Product Market Regulation) de l'OCDE apporte un éclairage supplémentaire : selon son indicateur de charges administratives pour les entreprises en phase de démarrage, il serait plus compliqué de créer une nouvelle entreprise en France qu'en moyenne dans les pays de l'OCDE. De même, la base de données Doing Business de la Banque mondiale indique que l'accès au crédit est plus difficile en France. Le niveau de réglementation, d'imposition et la difficulté d'accès au crédit sont autant d'éléments qui s'ajoutent au reste pour expliquer le relatif faible pourcentage de nouveaux entrepreneurs en France.

Les données récentes sur la création d'entreprise pour la période 2016-2019 indiquent des évolutions positives. L'adoption de la Loi Pacte en 2019 pourrait amplifier cette tendance. Si la crise du coronavirus vient lui imposer un coup d'arrêt brutal, elle ne devrait cependant pas enrayer sur la durée une amélioration structurelle nourrie par un fort désir d'entrepreneuriat dans une large fraction de la population française.


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