C'est l'heure du bilan ! À trois jours du premier tour des élections, l'Institut Montaigne présente une synthèse de l'impact budgétaire global des programmes des cinq candidats en tête dans les enquêtes d'opinion : Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, Valérie Pécresse et Éric Zemmour. Combien d'économies et de nouvelles dépenses ? Quel écart entre le chiffrage établi par les candidats et celui de l'Institut Montaigne ? Simples promesses ou engagements réalisables ?
Le bilan de l'Institut Montaigne montre que les programmes de Valérie Pécresse et d'Emmanuel Macron semblent réalisables, mais pourraient dégrader les finances publiques, sauf mesures fortes d'économie par ailleurs. Ceux de Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Eric Zemmour semblent pratiquement irréalisables en l'état : des abandons de mesures devraient être envisagés pour ne pas mettre en péril la soutenabilité des finances publiques et la souveraineté du pays.
Par ailleurs, les programmes de tous les candidats comprennent davantage de mesures qui dégradent les finances publiques que de mesures qui les améliorent. Quasiment tous les candidats ont présenté un bouclage budgétaire de leurs programmes : alors que la plupart d'entre eux promettent des effets nuls ou légèrement positifs sur le déficit public, les chiffrages de l'Institut Montaigne montrent une toute autre réalité.
Les programmes de tous les candidats comprennent davantage de mesures qui dégradent les finances publiques que de mesures qui les améliorent
Les candidats proposent pratiquement tous, sauf Jean-Luc Mélenchon, à la fois d'accroître les dépenses et de baisser les prélèvements obligatoires. La majorité des candidats prévoient aussi de diminuer certaines dépenses, sans généralement que ces diminutions ne compensent les augmentations prévues par ailleurs. Jean-Luc Mélenchon se distingue des autres quatre candidats les plus populaires car il ne prévoit aucune diminution de dépenses mais, au contraire, des hausses de prélèvements obligatoires à hauteur de plus de 100 milliards d'euros.
La plupart des programmes (hormis celui de Jean-Luc Mélenchon) proposent une diminution des impôts de production et une réduction de la fiscalité de la transmission patrimoniale. Le programme de Jean-Luc Mélenchon propose à l'inverse d'augmenter les impôts qui pèsent sur les entreprises (impôt sur les sociétés, cotisations sociales, impôts sur la production...).
Les quatre principaux postes d'accroissement de dépenses dans les programmes des candidats sont :
- les prestations sociales (retraites pour certains, prestations d'insertion pour d'autres) ;
- la défense ;
- la recherche et l'éducation nationale (revalorisation des enseignants et recrutements par exemple) ;
- la santé (revalorisation des rémunérations des personnels soignants et recrutements).
Des déséquilibres de financement qui pourront conduire à la non application des programmes de certains candidats s'ils sont élus
Certains déséquilibres (Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Eric Zemmour) sont suffisamment significatifs pour permettre d'établir avec une quasi-certitude qu'ils ne pourront pas être tenus en l'état : soit ces candidats, une fois élus, ne pourront pas mettre en œuvre la totalité de leurs engagements, soit ils devront faire des efforts complémentaires d'une ampleur inconnue jusqu'alors afin d'équilibrer leurs budgets par ailleurs, soit les conséquences économiques risqueraient d'être désastreuses (sortie de la zone euro, dépréciation et perte massive de pouvoir d'achat, abandons de souveraineté...).
La plupart des candidats présentent des effets de leurs programmes sur le déficit public nuls ou en légère amélioration. Les chiffrages des mesures clairement identifiables et chiffrables ne sont pas cohérents avec ces appréciations, comme le montre le graphique ci-dessous. Ces écarts pourraient représenter le degré de "mauvaises surprises" (renoncement à des engagements du programme, mesures d'économies non dévoilées avec précision à ce stade, etc.) à attendre si le candidat est élu pour tenir ses engagements de neutralité ou d'amélioration du déficit.