Dans un rapport intitulé « Prisons ouvertes », le think tank GenerationLibre et le groupe pénal du Conseil de l'Ordre des Avocats de Paris plaident ensemble pour la création de 5.000 places en centres de détention « ouverts » d'ici la fin du quinquennat.
Le groupe pénal du Conseil de l’Ordre des Avocats de Paris et GenerationLibre ont souhaité s’associer afin de concevoir ensemble une feuille de route relative aux prisons ouvertes à l’attention du Parlement et du gouvernement.
Partant du constat que le système carcéral est à bout de souffle, Camille Potier (avocat au Barreau de Paris, spécialisée en droit pénal des affaires et membre du Conseil de l’Ordre des avocats) et Gaspard Koenig (philosophe, écrivain et Président du think tank GenerationLibre), rédacteurs du rapport « Prisons ouvertes. Une réponse à la situation carcérale française et à la récidive », proposent d'engager dès 2018 une expérimentation de terrain avec l’ouverture de prisons ouvertes dans plusieurs régions pilotes et de créer 5.000 places en centres de détention ouverts d’ici la fin du mandat d'Emmanuel Macron.
« L’établissement ouvert se caractérise par l’absence de précautions matérielles et physiques contre l’évasion (telles que murs, verrous, barreaux, surveillants armés ou autres surveillants spécialement préposés à la sécurité de l’établissement), ainsi que par un régime fondé sur une discipline consentie et sur le sentiment de la responsabilité du détenu à l’égard de la communauté dans laquelle il vit. Ce régime encourage le détenu à user des libertés offertes sans en abuser. Telles sont les caractéristiques qui distinguent l’établissement ouvert d’autres types d’établissements dont certains s’inspirent de ces mêmes principes, mais sans les réaliser complètement » selon la définition donnée lors du premier Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants organisé en 1955.
Pour les auteurs du rapport, le mode d'incarcération alternatif que constituent les « prisons ouvertes » a fait ses preuves : le taux de récidive est plus faible que pour les détenus sortant de prisons fermées, le taux d'emploi à la sortie est meilleur, le coût journalier d'incarcération est inférieur, les taux d'évasion et de suicide sont largement contenus.
Gaspard Koenig, Président de GenerationLibre, a effectué un voyage d’études en Finlande en octobre 2017, afin d’observer le fonctionnement des « open prisons ». « Sans barreaux, ni miradors, les prisons ouvertes permettent paradoxalement de comprendre l'essence de la prison : on y ressent d'autant plus cruellement la perte de sa liberté qu'on en éprouve sans cesse l'attrait », explique-t-il.
Le système de la prison ouverte est majoritairement utilisé dans les pays du Nord de l'Europe. D'autres pays expérimentent ou étudient avec intérêt le système des « open prisons » : la Belgique, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Corée du Sud. En France, il existe seulement une prison ouverte, à Casabianda en Corse. Le principal obstacle au développement des prisons ouvertes résiderait dans la « conséquence d’une plus faible dissuasion spéciale et générale des peines effectuées dans ces établissements ouverts, en raison de leur caractère qui serait moins intimidant ».
Arnaud Dumourier (@adumourier)
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