Le président de la République Emmanuel Macron a donné le coup d'envoi de la consultation sur la réforme des retraites jeudi soir à Rodez, devant 500 personnes. Interpellé par Annabel Montels-Estève, bâtonnier de l'Aveyron, il a indiqué qu'il ne toucherait pas aux réserves des avocats.
A l'occasion du premier débat sur la réforme des retraites qui s'est tenu à Rodez jeudi 3 octobre 2019, Emmanuel Macron a tenté de rassurer les avocats à propos de leur régime de retraire. Annabel Montels-Estève, bâtonnier de l'Aveyron, a rappelé les inquiétudes des avocats sur leur régime de retraite, soulignant avoir que l'impression que le gouvernement veut confisquer le régime de retraite des avocats alors que « nos caisses qui sont autonomes et qui sont solidaires puisque que la Caisse Nationale des Barreaux Français verse presque 100 millions d'euros par an au régime général, régime auquel nous n'avons pas droit. Nous avons l'impression que ce régime va créer des charges supplémentaires pour les avocats ». Aussi, « ce régime de retraite va faire disparaître des centaines d'avocats en France, est ce que c'est votre volonté ? », a-t-elle lancé au président.
Emmanuel Macron a voulu rassurer les avocats en expliquant qu'il ne s'agissait pas de supprimer une profession : « Je comprends très bien votre angoisse. (...) Le but n'est pas de supprimer une profession ou de la déséquilibrer. Je tiens à l'accès au droit, à l'accès au droit dans nos territoires. Et donc on a besoin de nos avocats ».
Par ailleurs, il n'est pas question de toucher aux réserves des avocats : « On ne prendra à aucune caisse particulière les ressources qu'elle a emmagasinées. C'est impossible juridiquement. Que ce soit les avocats, les médecins, toutes les professions libérales, les indépendants...(..) Ces réserves seront utilisées par les professionnels jusqu'à extinction des droits de ces professionnels », a-t-il assuré.
« C'est vrai que votre régime est encore équilibré mais les avocats d'aujourd'hui vont devenir les agriculteurs de demain »
Néanmoins, Emmanuel Macron a souligné que la démographie de la profession posera des difficultés. « Aujourd'hui, 25 % des avocats quittent la profession avant dix ans d'exercice (...) C'est vrai que votre régime est encore équilibré mais les avocats d'aujourd'hui vont devenir les agriculteurs de demain. (...) Nous sommes un pays extraordinaire où on ne veut pas se mettre avec les autres quand on est bénéficiaires, mais le jour où on commence à paumer on se retourne vers la collectivité. Il y a quinze ans, dans votre profession, il y a avait neuf cotisants pour un retraité. Aujourd’hui il y a cinq cotisants pour un retraité. Dans quelques années, il y aura un cotisant par retraité et après il y en aura moins », a-t-il expliqué.
Arnaud Dumourier (@adumourier)
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