Mise en examen de Nicolas Sarkozy : les avocats "scandalisés" par les écoutes téléphoniques

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Suite à la mise en examen de l'ancien Président de la République, Nicolas Sarkozy, les réactions des avocats n'ont pas tardé, ces derniers se trouvant notamment "scandalisés" par certaines écoutes téléphoniques.

La mise en examen de Nicolas Sarkozy pour "corruption active", "trafic d'influence" et "recel de violation du secret professionnel" dans la nuit du mardi 1er au mercredi 2 juillet 2014 dans le cadre d'une enquête sur un trafic d'influence présumé, a fait réagir les avocats dont Jean-Marie Burguburu, Président du Conseil national des Barreaux (CNB) se déclarant notamment "scandalisé" par l'écoute d'une conversation téléphonique entre Thierry Herzog, l'avocat de l'ancien chef de l'Etat et Pierre-Olivier Sur, le Bâtonnier de Paris.

Jean-Marie Burguburu,  "scandalisé" par l’écoute d’une conversation entre Thierry Herzog et le Bâtonnier de Paris

Dans un communiqué du 2 juillet 2014,  le Président du CNB déclare qu'il "a appris ce matin [le 2 juillet] avec consternation l’utilisation de la transcription de l’écoute d’une conversation entre Thierry Herzog et Pierre-Olivier Sur, actuel bâtonnier de Paris, dans la procédure visant notamment Nicolas Sarkozy" et "condamne fermement et sans réserve ce détournement de procédure violant à la fois la confidentialité d’une conversation entre avocats, et plus encore celle des relations entre un avocat et le bâtonnier de son Ordre. Il ajoute que "si de telles conversations sont captées, enregistrées et utilisées en procédure, aucun avocat ne pourra plus parler librement à son bâtonnier et on tue ainsi la capacité d’écoute et de conseil de tous les bâtonniers de France, exposant les avocats et leurs clients à des difficultés nouvelles.".
Enfin, "en qualité de président du Conseil National des Barreaux et au nom des 60.000 avocats français qu’il représente, Jean-Marie Burguburu élève une protestation énergique contre ce détournement de procédure et rappelle les juges d’instruction à leurs devoirs, sans interférer autrement dans la procédure actuellement en cours" et "demande enfin au législateur de confirmer le caractère inviolable des conversations entre un avocat et son bâtonnier dans le projet de règlementation nouvelle du secret professionnel promise par le Président de la République à la suite de l’audience qu’il lui a accordée avec le bâtonnier de Paris le 20 mars dernier, au sujet de l’utilisation dans cette même affaire de l’enregistrement des conversations entre Thierry Herzog et son client."

Pierre-Olivier Sur proteste contre la retranscription des conversations entre un avocat et son Bâtonnier

Pierre-Olivier Sur, Bâtonnier de Paris, a également condamné, dans un communiqué du même jour "la retranscription des conversations entre un avocat et son Bâtonnier" qu'il a qualifiée de "pratique inadmissible".
Il a rappelé que "les conversations entre un avocat et son Bâtonnier doivent être regardées comme couvertes par le secret le plus absolu. L’avocat doit en effet pouvoir se confier à son Bâtonnier sans craindre que ses propos soient retranscrits, voire utilisés contre lui."
"Le Bâtonnier est le confident naturel de tous les membres de son barreau. Les conversations qu’il entretient avec eux ne sauraient en aucune façon être divulguées. Le Bâtonnier de Paris proteste contre la retranscription et l’utilisation de ses échanges avec Maître Thierry Herzog", a-t-il conclu.
S'agissant de la mise en examen de Nicolas Sarkozy, invité d'iTélé, le Bâtonnier de Paris a dressé un parallèle entre la mise en examen de Nicolas Sarkozy et la condamnation à mort du général De Gaulle sous Vichy : "Dans l’histoire de notre République, je n’imagine pas qu’on ait le souvenir d’une garde à vue d’un ancien président. Si, on en a un qui été condamné à mort, c’est le général de Gaulle, par la collaboration. Mais depuis, on a cette garde à vue de Nicolas Sarkozy qui me choque.".
Pierre-Olivier Sur a critiqué également le déroulement de la garde à vue "Quand on a affaire à un ancien président de la République, quand on est juge d’instruction on prend le soin de procéder soi-même aux interrogatoires et d’avoir ce courage-là. Ici les juges d’instruction ont préféré déléguer ça et c’est ça qui, à mes yeux, n’est pas admissible".

Paul-Albert Iweins : "Je conteste la méthode de la garde à vue"

L'avocat de Thierry Herzog, Paul-Albert Iweins a lui aussi mis en cause la légalité de la garde à vue sur Europe 1. Pour lui, les gardes à vue de Thierry Herzog et Nicolas Sarkozy sont injustifiées : "Je conteste la méthode de la garde à vue. Vous avez affaire à un avocat, à un haut magistrat et à un ancien président de la République. Ce ne sont pas des gens qui vont prendre la fuite. (...) Il n'y a aucune raison de les entendre sous cette pression psychologique. Il y avait un usage constant qui était que les avocats mis en cause soient entendus par les juges d'instruction. Mais pour un ancien président de la République, c'est une première et de façon parfaitement injustifiée"

 


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