Le Monde du Droit a interviewé Stéphane Lefer, fondateur d'Oxygen+.
Pouvez-vous nous présenter Oxygen+ ?
Oxygen+ est né d’un double constat très simple réalisé alors que j’étais directeur juridique. D’un côté, des directions juridiques qui ont besoin de supports complémentaires en renfort de leur équipe interne compte tenu de l’accroissement permanent des sujets juridiques à traiter (RGPD, Compliance, Covid, …) et d’un autre côté, des cabinets d’avocats qui travaillent la plupart du temps au dossier, avec un taux horaire et à partir de leur cabinet ce qui répond certes parfois à des besoins spécifiques des directions juridiques mais pas à tous !
Oxygen+ a également la forme d’un cabinet d’avocats mais propose aux directions juridiques de bénéficier des services d’un membre de notre équipe qui vient, quand cela est possible compte tenu de la crise du Covid actuel, sur le site du client pour travailler au plus près des besoins juridiques des entreprises à un tarif journalier fixé avec le client.
Ce métier existe depuis des dizaines d’années dans l’IT, depuis au moins 20 ans aux Etats-Unis pour les métiers du droit mais était assez peu développé en France jusqu’à récemment. On a été les premiers à se lancer !
Comment accompagnez-vous les directions juridiques pendant cette crise ?
J’ai été très frappé ces mois passés de la tension et de la charge de travail des directions juridiques qui devaient connaître de nombreux et parfois nouveaux dossiers. Des directeurs et directrices juridiques n’ont indiqué n’avoir jamais connu un tel niveau de surcharges de travail ! Les directions juridiques « souffrent » donc de cette situation inédite et cela d’autant plus que les recrutements sont souvent gelés et les budgets réduits. Faire appel à un prestataire extérieur comme Oxygen+ est de plus en plus l’une des solutions à envisager.
Malgré le confinement nous avons commencé des missions en mars, avril et mai même si cela n’a pas toujours été facile de démarrer à distance sans rencontrer de visu les personnes concernées. Les directions juridiques ont pu ainsi souffler et faire face à l’accroissement d’activité. Nous constatons en septembre une forte augmentation des demandes car les directions juridiques doivent continuer de fournir du support juridique pour le dernier trimestre de l’année et elles se préparent déjà pour 2021.
Nous constatons également un taux important de renouvellement des missions, celles mises en place chez le client pour une première période de 3 ou 6 mois s’avèrent donc très efficace et le client prolonge de mois supplémentaires. Dernier constat, certains clients sollicitent le support d’une personne, puis de deux, puis trois …. Certains clients bénéficient aujourd’hui de l’aide de 3 ou 4 consultants d’Oxygen+ en même temps.
Quelles seront les tendances à l'œuvre dans les prochains mois selon vous ?
Notre business va se développer, nous ne pouvons que nous en féliciter mais au-delà se dessine peut être une nouvelle direction juridique …. L’impact positif ou négatif du télétravail par exemple pourrait être dans le temps assez considérable. Le juridique est une prestation intellectuelle qui peut certes être réalisée à distance ; de chez soi ou de sa résidence secondaire, ce qui génère un nouveau confort de travail pour les salariés concernés, mais cela signifie aussi que ces prestations peuvent être réalisées de Pologne ou d’Inde, et serait donc susceptible de fragiliser l’emploi en France !
En tout état de cause, le juridique c’est de l’interaction avec les opérationnels et les dirigeants pour être en ligne sur les objectifs business des entreprises, donc à mon sens plus compliqué et moins qualitatif si la distance est trop grande, physiquement et culturellement …. Donc au final le télétravail : oui, non, un peu, beaucoup, …..
Plus généralement, les managers juristes font face aux urgences du moment mais, en parallèle, ils mènent un chantier pour redessiner, encore et encore, leur direction juridique qui sera, non plus uniquement une « équipe » de juristes salariés, mais de plus en plus une « communauté » hétérogène d’experts du droit (salariés, avocats aux dossiers, avocats à la mission, prestataires divers (contracts managers par exemple), …) au service d’une entreprise qui utiliseront de plus en plus les outils du digital pour interagir entre eux et avec les acteurs de l’écosystème de l’entreprise.
Les métiers du juridique ont un bel avenir. Il s’agit juste individuellement ou collectivement de ne pas manquer les transformations en cours ou à venir pour ne pas se retrouver marginalisé ou ubérisé.
Propos recueillis par Arnaud Dumourier (@adumourier)