Marie-Josèphe Laurent et Jean-François Barre, Bâtonnier et vice-Bâtonnier de l’Ordre des avocats de Lyon, ont répondu aux questions du Monde du Droit alors qu'ils débutent leur bâtonnat.
Dans quel état d’esprit êtes-vous dans ce début de mandat ?
Nous sommes dans un état d’esprit d’humilité et d’enthousiasme.
Nous avons envie d’embarquer notre barreau, et particulièrement notre jeune barreau.
Il faut toujours être humble car on ne sait jamais quelles sont les difficultés que nous allons rencontrer.
Quelles sont vos priorités ?
Tout d’abord, nous nous situons dans le prolongement de l’action de nos prédécesseurs en poursuivant ce qui a été engagé.
Ensuite, notre ambition est de faire en sorte que davantage d’avocats lyonnais s’intéressent au fonctionnement du barreau. En effet, notre barreau de 3700 avocats fonctionne avec 1/10 des avocats qui participent. Aussi, nous voulons mobiliser plus largement nos confrères avec une préoccupation constante d’amélioration et d’adaptation.
Dans cette perspective, nous allons réorganiser le fonctionnement des commissions autour de trois grands pôles :
- économique et social ;
- droit des personnes (droit de la famille, droit du patrimoine, droit des mineurs, droit de la santé, handicap et majeurs protégés, droit de la consommation) ;
- défense et libertés (droits de l’homme, mineurs et étrangers, centre lyonnais de défense pénale).
Il s’agit ainsi de développer nos champs d’activité. Parmi ceux-là, nous voulons déployer un barreau pénal qui couvre non seulement le barreau pénal traditionnel, la défense du droit des étrangers, les droits de l’Homme, mais aussi le droit pénal des affaires.
Nous voulons développer un barreau de droit pénal des affaires.
Parmi nos priorités figurent également la poursuite de l’adaptation et de l’innovation de notre barreau. Nous sommes frappés par l’adaptation de notre barreau face à la crise que nous traversons depuis deux ans. Les cabinets ont réagi avec agilité en s’appropriant les outils digitaux et en s’adaptant au télétravail. Notre volonté est d’accompagner les avocats, les cabinets qui ont du mal à s’adapter. Par exemple, nous avons proposé aux cabinets qui n’ont pas de site internet d’avoir un site web à moindre coût. De même, nous allons sensibiliser l’ensemble de nos confrères au RGPD.
En matière d’innovation, nous allons poursuivre l'action engagée avec notre incubateur.
Quelle est votre point de vue sur la mobilisation des magistrats pour demander plus de moyens pour la justice ?
Nous sommes satisfaits qu’enfin les magistrats et les services de greffe osent sortir du silence. Il faut maintenant que cette prise de parole serve à quelque chose et qu’elle se traduise en action. S’il est vrai que ces dernières années, le budget de la justice a augmenté, la majorité des moyens va à l’administration pénitentiaire. Il faut des renforts humains mais aussi des renforts sur le plan technique. Pendant le confinement, les juridictions n’ont pas pu fonctionner car elles n’avaient pas les moyens de télétravailler. Les logiciels sont anciens et plus adaptés. Nous avons l’impression que depuis plusieurs décennies, plutôt que de mettre les moyens, on essaie de complexifier les procédures ou de les simplifier pour essayer d’endiguer les flux et limiter l’accès au juge. Ce n’est pas une solution acceptable. Nous aimerions que ce sujet s’invite dans la campagne présidentielle.
Propos recueillis par Arnaud Dumourier (@adumourier)