La 3ème édition du Baromètre des legaltech, réalisée par Actualités du droit, site édité par Wolters Kluwer, en partenariat avec Maddyness, présente les tendances 2019 dans l'écosystème de la legaltech.
Nouvelle forte hausse des levées de fonds
La nouvelle édition du baromètre des legaltech a été dévoilée au Conseil national des barreaux (CNB) mercredi 22 janvier à l'occasion de l'apérotech du CNB.
L'enquête fait apparaître une nouvelle forte hausse des levées de fonds par les legaltech : +111,8 % entre 2018 et 2019. En trois ans (2016-2019), une hausse de 307 % des fonds levés par les legaltech. En 2019, 19 start-up de la legaltech ont indiqué avoir levé des fonds, soit 1 de plus qu’en 2018.
Le Top 5 des levées de fonds est constitué de legalstart.fr (18 millions), Predictice (5 millions), Hyperlex (4 millions), Testamento (3 millions) et Quaidesnotaires.com (2,5 millions).
Depuis 2016, les legaltech ont déclaré avoir levé un peu moins de 100 millions d’euros (98,9 millions).
La médiane des fonds levés atteint 2 millions d'euros (multipliée par 4 par rapport à 2018). Il s'agit de la médiane la plus importante des trois éditions de ce baromètre. Un indicateur positif sur la capacité de ce secteur à mobiliser des fonds un peu moins early stage.
A noter que la consolidation du secteur se fait autour d'une dizaine d'acteurs qui peuvent ainsi :
- multiplier les tours de table (22 % ont levé deux ou trois fois des fonds)
- lever un volume important de fonds (22,1 % des legaltech ont levé plus de 1 millions d’euros, ces 3 dernières années
- proposer leur solution hors de France (autour de 25 % peuvent proposer leur solution en Europe ou à l’international)
Cependant, il faut relativiser ces chiffres notamment parce que 70,9 % des fonds ont été levés par 5 acteurs, 72,1 % des legaltech n'ont pas levé de fonds en 2019 et 57,4 % des legaltech n’ont pas levé de fonds entre 2017 et 2019.
De même, si on compare avec les levées de fonds des autres start-up, la plus grosse levée de fonds est de 205 millions d'euros contre 18 millions pour les legaltech.
La plus importante levée de fonds des legaltech ne représente ainsi que 9 % de la plus importante levée de fonds d’une start-up française.
Le profil des investisseurs
Très majoritairement, les investisseurs sont des business angels, des fonds d’investissement, des venture capitalists (VC) ou des banques : 78,9 %.
Les fonds investis par des professionnels du droit, accompagnés du VC, ne représentent plus que 5,3 % (versus 55,6 % en 2016)
Les corporates ne représentent pour l’heure que 5,3 % des investisseurs
Le profil des fondateurs
92,6 % des créateurs de legaltech sont des hommes.
67,6 % des legaltech ont été créées par 2 ou 3 fondateurs.
Chiffre d'affaires
Autre enseignement de l'étude : plus de la moitié des legaltech (58,8 %) font moins d'1 million de chiffre d'affaires.
11,8 % génèrent de 1 à 5 millions.
1,5 % font de 10 à 30 millions.
A noter que 27,9 % des legaltech interrogées n'ont pas souhaiter communiquer leur chiffre d'affaires.
Baisse des créations de Legaltech
C’est la 2ème année consécutive de baisse du nombre de créations, après les pics de 2015 et 2017.
Presque la moitié des legaltech (44,8 %) ont maintenant 3 ans, ou plus, d’existence.
Nettement moins de freins réglementaires
Par rapport à la 2ème édition du baromètre, les legaltech ressentent moins de contraintes réglementaires (-60,3 % par rapport à 2018).
Parmi les points de blocage cités figurent :
- l’open data
- la mauvaise connaissance par les administrations des fondements juridiques de la signature électronique
- le périmètre des professions réglementées (le conseil juridique) et leur déontologie
- l’impossibilité de transmettre aux greffes des tribunaux judiciaires des documents introductifs d'instance par voie électronique
- la possibilité pour les cabinets d'avocats de lever des fonds et l’interdiction de l'apport d'affaires
Un marché qui continue à pivoter vers le BtoB
La part de solutions destinée au marché des particuliers est divisée par deux :
- en 2018, 42,6 % des services étaient proposés, notamment mais pas nécessairement exclusivement, aux particuliers
- c’est 19,1 %, en 2019
Les services sont majoritairement proposés aux entreprises (47,1 %), les avocats arrivent après, en nette augmentation, avec 20,6 %. Viennent seulement ensuite, les particuliers : 19,1 %. 5,9 % des solutions sont proposées aux notaires. Le reste s’adresse à plusieurs types de clientèle, à la fois (notaire et avocat, par exemple, ou notaire et agent immobilier, etc.)
Services proposés par les legaltech
Les services qui permettent d’accompagner les professionnels du droit dans leur transformation numérique passent en tête, ex-aequo :
- digitalisation de processus métier (19,1 %, soit + 7 % par rapport à 2018)
- mise en relation (constant : 19,1 %, versus 19,4 % en 2018)
- création d’actes (constant : 17,6 %, versus 17,7 %, en 2018)
Ce Top 3 qui représente à lui seul 55,9 % des services proposés.
« Les résultats de ce baromètre sont rassurants car le périmètre des legaltech ne vient pas concurrencer les services des avocats. Ils sont complémentaires. La transformation de la profession s'accélère mais la legaltech reste toujours la plus petite des tech. Cela doit nous interroger », a commenté Christiane Féral-Schuhl, présidente du CNB, à l'occasion de la présentation de l'étude.
Arnaud Dumourier (@adumourier)
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