La transformation numérique des directions juridiques est en route, mais doit s'accentuer à tous les niveaux de l'entreprise selon une étude menée par le Cercle Montesquieu, CMS Francis Lefebvre Avocats et Day One.
Pour les directions juridiques, la digitalisation implique une transformation profonde des comportements professionnels et des habitudes de travail.
L'*étude sur la digitalisation des directions juridiques réalisée par le Cercle Montesquieu, CMS Francis Lefebvre Avocats et Day One met en exergue l’attente spécifique des directions juridiques vis-à-vis de la digitalisation et des outils mis à leur disposition : il s’agit d’abord de garantir un retour sur investissement (40%), d’adopter les bons outils techniques (32%) puis de pouvoir automatiser les tâches des juristes afin de gagner en efficacité, en productivité et en confort au quotidien, grâce à des outils pratiques et ergonomiques.
Une digitalisation en route mais qui doit s’accentuer à tous les niveaux
En ce qui concerne la perception de l'évolution de la direction de la direction juridique face à la transformation numérique, les répondants donnent une note de 4,5 sur 10 à la transformation digitale de leur direction juridique et une note de 5,1 sur 10 en moyenne à la transformation digitale de leur entreprise.
Ceci montre que les directions juridiques ont encore du travail en perspective en la matière.
La GED, les contrats, le droit des sociétés, sont le socle de la digitalisation des directions juridiques
Les directions juridiques estiment que la digitalisation concerne avant tout la gestion électronique des documents (GED), la gestion contractuelle et le droit des sociétés. Ces trois catégories représentent, pour les répondants de l’étude, le socle même d’une direction juridique digitalisée. Grâce à la digitalisation de ces trois process, les juristes bénéficient de leviers d’actions à gains rapides permettant de :
- Faire gagner du temps aux juristes, en produisant des documents simples de manière automatisée,
- Economiser des ressources, internes ou externes (avocats notamment) en s’assurant de la bonne répartition des tâches,
- De démontrer la valeur apportée par les juristes à l’entreprise grâce à des indicateurs de performance bien choisis repris dans des tableaux de bord.
La dématérialisation du droit des sociétés obtient la note de 7,4/10, c'est la note la plus importante attribuée à une matière du droit sur laquelle la digitalisation aura le plus d'impact.
Une nécessaire adaptation de la formation des juristes
Pour 89% des répondants, la formation des juristes doit évoluer afin d’être au mieux préparés à l’utilisation des différents outils digitaux (28% des répondants considèrent cette compétence prioritaire) et à la gestion de projets (15% des répondants). Il apparaît que, dans les projets de digitalisation, un pourcentage trop important du budget de ces projets est dédié au choix des outils et à leur mise en place d’un point de vue technique. Malheureusement, une part trop faible (voire inexistante) est consacrée à la formation à l’utilisation de ces outils. Par ailleurs, 71% des répondants indiquent que la digitalisation est un projet relevant d’une initiative propre à la direction juridique, mais 80% d’entre eux déclarent ne pas disposer d’un budget dédié.
Une transformation digitale profonde du métier de juriste d'ici cinq ans avec l'IA
Les directions juridiques prévoient une transformation en profondeur à un horizon de cinq ans.
Alors que jusqu'ici, elles se sont concentrées sur des applications mobiles, la gestion de données simples, l'automatisation de contrats et l'analyse de document, de nouveaux outils vont apparaître à 3-5 ans avec l’intelligence artificielle, les chatbots, les outils prédictifs et la blockchain.
Enfin, à noter qu 24% des personnes interrogées voient l'utilisation des legaltech comme un facteur important dans le choix de leurs cabinets d'avocats.
Arnaud Dumourier (@adumourier)
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* Cette étude a été réalisée en ligne auprès d’une centaine de directions juridiques françaises entre le 27 septembre 2018 et le 14 novembre 2018, puis complétée par des ateliers et des entretiens menés auprès d’un échantillon plus restreint de répondants. Le profil type du répondant est un Directeur Juridique Groupe d’une société mère, réalisant entre 1 et 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires, le périmètre de sa direction juridique incluant la Compliance, les Assurances, et dans une moindre mesure le suivi des contrats post-signatures.