Sophie Jonval, présidente du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce et Laurent Frelat, directeur général de l'Institut Xerfi | I+C, ont présenté les résultats d'une étude du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce sur l'impact de la crise du Covid-19 sur les entreprises, réalisée en association avec l'institut Xerfi I+C. L'étude révèle que le nombre d'entreprises en difficulté reste bien inférieur aux niveaux de 2019, et un rebond inattendu des créations d'entreprises observé pendant l'été malgré la crise sanitaire.
Si le premier baromètre national des entreprises témoignait du « choc frontal » subi par les entreprises lors du confinement avec une forte diminution du nombre de créations d’entreprises sur la période du 16 mars au 30 avril (-54,3 % à un an d’intervalle), le nouveau baromètre national des entreprises fait apparaître un rebond exceptionnel de la création d'entreprises en juin et juillet 2020.
Sur la période du 1er mai au 31 juillet 2020, 105.843 immatriculations au Registre du Commerce et des Sociétés ont été enregistrées, soit une baisse de seulement 5,5 % par rapport à la même période en 2019. De manière assez inattendue, la création d’entreprises est même parvenue a dépasser ses niveaux déjà élevés de 2019 sur les mois de juin (+ 13,4 %) et de juillet (+ 7,5 %). A noter cependant que malgré ce rebond exceptionnel, les immatriculations restent en contraction sur douze mois glissants (- 5,4 %).
Dans le même temps, 6.037 ouvertures de procédures collectives ont été enregistrées, soit une baisse de 42,5 % à un an d’intervalle.
« Cette situation s'explique par les mesures de soutien aux entreprises mises en place par le gouvernement (PGE, gel des cotisations, chômage partiel). Le pire a été évité. Nous sommes dans une situation paradoxale d'excès de liquidités des entreprises », explique Laurent Frelat.
Toutefois, le moratoire, prenant fin le 24 août, laisse craindre une hausse significative du nombre d’ouvertures dans les mois à venir.
Le Sud et le Grand-Est toujours en difficulté
La grande majorité des régions conserve une évolution négative du nombre d’immatriculations d’entreprises à un an d’intervalle, mais dans une moindre mesure que lors de la période de confinement. Durement impactées en mars-avril, les régions Ile-de-France (0 %), et Hauts-de-France (-1,2 %) se ressaisissent et parviennent même à retrouver un niveau équivalent à celui de 2019. A contrario, les régions Corse (-20,5 %), Occitanie (-12,4 %), PACA (- 11,9 %) et Grand-Est (- 11,6 %) ont davantage de mal à rebondir.
Des créations d’entreprises boostées par le dynamisme de la Foodtech
Les activités d’hébergement et de restauration (-29 %) et les autres activités de services (- 25%) sont les plus touchées par la crise.
À l’inverse, les activités de transport et entreposage (24 %) ont fortement augmenté et représentent une part importante des créations d’entreprises. Ce secteur est principalement porté par les acteurs de la FoodTech comme Uber Eats, Deliveroo ou encore Just Eat ayant recours à des prestataires indépendants. À elle seule, cette activité de livraison de repas représente 10% des créations d’entreprises sur la période. De plus, de grandes enseignes de distribution alimentaire comme Casino, Carrefour ou encore E.Leclerc se sont récemment associées à ces géants de la livraison à domicile. Ces nouveaux partenariats renforcent encore un peu plus l’impact positif de ce secteur sur les créations d’entreprises.
« Nous serons attentifs aux semaines qui arrivent. Le moratoire va prendre fin. Nous aurons alors une meilleure photographie de l'activité économique de notre tissu entrepreneurial » conclut Sophie Jonval, présidente du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce
Arnaud Dumourier
(@adumourier)