Kroll a publié les résultats de sa nouvelle étude sur la criminalité financière, 2023 Fraud and Financial Crime Report, fondée sur les retours de 400 cadres dirigeants dans la gestion des risques à travers le monde. 64% des sondés considèrent que la criminalité financière va augmenter en France dans les mois à venir.
Une accentuation des risques liés à la technologie
Face à la complexification de l’environnement financier en lien avec la sophistication technologique des transactions, les risques liés à la criminalité financière sont susceptibles de s’accentuer dans les 12 prochains mois pour 69% des sondés à travers le monde. En cause, la possibilité de cyberattaques et de fuites de données qui représentent, pour 33% des répondants, les principales menaces qui montent pour les organisations.
Dans ce contexte, 67% des répondants prévoient d'investir davantage dans les défenses technologiques, tandis que 60% d'entre eux augmenteront leur budget dédié à la cybersécurité dans les années à venir. Bien que son application soit récente dans la majorité des cas, l'intelligence artificielle a été déployée dans les dispositifs de lutte contre la criminalité financière dans 56% des organisations analysées et 83% des répondants considèrent qu’elle pourra être à l’origine d’avancées majeures en la matière. Un signal positif alors que les professionnels font part d’une certaine inquiétude devant des pratiques de fraudes de plus en plus élaborées.
Les gouvernements sous pression
Les dispositifs de lutte contre le blanchiment d'argent et la corruption – et notamment les mesures de sanctions – sont de plus en plus mis à l’épreuve à mesure que les fraudes et les délits financiers évoluent et se transforment. L’étude de Kroll souligne que la majorité des personnes interrogées considèrent que les États sont aujourd’hui mis en difficulté dans la lutte contre la criminalité financière, du fait de nouveaux challenges : le renouvellement du paradigme technologique (59%), l’essor du Big Data (54%) et des cryptoactifs (53%), ainsi que les tensions géopolitiques (52%).
À ce titre, 60% des professionnels interrogés anticipent dans les prochains mois un renforcement de la réglementation et une élévation des standards de transparence, dont on attend qu’ils permettent de mieux orienter l’action des entreprises dans leur lutte contre la fraude et la corruption. Ce phénomène touche tout particulièrement les États-Unis (50%), le Royaume-Uni (48%), la France (48%) et l’Allemagne (48%), dans un contexte où la conformité est perçue comme l’un des grands défis face aux nouveaux risques qui émergent pour les organisations.
Les cryptoactifs : nouveau terrain de lutte contre la criminalité financière
Comme évoqué ci-dessus, les vecteurs de la criminalité financière ont eu tendance à se diversifier ces dernières années, notamment sous l’influence du développement de la blockchain et des cryptoactifs, qui constituent des nouveaux facteurs de fraude. À ce titre, 78% des répondants considèrent qu’il s’agit d’une préoccupation pour leur entreprise et 60% des sondés affirment qu’appréhender les risques qui s’y attachent est un challenge pour leur organisation. Pour autant, seul un tiers (31%) a aujourd’hui intégré la gestion des risques liés aux cryptoactifs à sa politique de conformité.
« L’évolution récente du crime financier et les perspectives d’accentuation de la menace dans les années à venir montrent le rôle central que la fonction conformité est appelée à jouer dans les organisations. Cependant, la diversification des risques liée à l’environnement technologique, géopolitique et réglementaire incertain nécessite de faire appel à des compétences toujours plus diversifiées et pointues pour pleinement y répondre. Et ce, tout en prenant en compte le poids exponentiel de l’intelligence artificielle dans les dispositifs de lutte contre la fraude » conclut Hannah Rossiter, managing director de Kroll et responsable des activités de conseil en conformité et réglementation financière en France.