L'année 2020 a été complexe pour les legaltech aussi. La crise sanitaire est inéluctablement venue perturber le développement de bon nombre de ces start-up, mais tous les indicateurs ne sont pas négatifs, bien au contraire. Quel est le niveau des levées de fonds ? Quelles sont les solutions plébiscitées ? Les legaltech ont-elles engagé des démarches RSE ? Le point avec cette 4e édition du Baromètre Wolters Kluwer/Maddyness des start-up françaises de la legaltech.
Après l'année des records, en 2019, le millésime suivant paraît forcément un peu plus terne.
Et ce d'autant que c'est la première fois depuis la création de ce baromètre, en 2017, que le montant des levées de fonds est en baisse. En chute libre, même, puisque si la diminution en volume est faible (- 5 %), celle en valeur est plus que significative (- 65,9 %).
En tout, ce sont 17,8 millions d'euros qui ont été levés par les start-ups de la legaltech (versus 52,1 millions en 2019).
Des montants de tours de table qui s'expliquent par le contexte sanitaire, mais pas seulement. Le niveau de 2019 était particulièrement élevé au regard du marché et la Covid-19 n'a fait qu'accélérer la révélation de tendances déjà en germe les années précédentes.
Une crise sanitaire à la fois ralentisseur et accélérateur de développement
Pour bien mesurer l'impact de la crise sanitaire sur leur développement, il a été demandé aux start-up de mesurer de 1 à 10 l'incidence de cette crise. Il en ressort une grande hétérogénéité des réponses. Pour 13,6 %, la crise n'a pas eu d'impact ou un impact faible (12,3 %). En revanche, pour 37 % l'impact a été fort, sachant que 11,1 % d'entre elles, l'impact négatif a été maximal.
Mais pour mieux comprendre sa portée, il est nécessaire de rentrer dans les détails. Pour une majorité de legaltech (50,6 %), la crise sanitaire a eu un impact positif sur les services qu'elles proposent (nouvelles fonctionnalités, création de services spécifiques à la gestion de crise, etc.).
En revanche, côté clients, l'impact a été négatif pour 59,3 % des start-up. Avec des répercussions à la fois sur le nombre de nouveaux contrats signés et le temps écoulé avant d'aboutir à une vente.
Des legaltech optimistes, néanmoins, sur leurs perspectives d'embauches : 76 % pense ainsi recruter dans les 3 prochains mois.
Des solutions davantage exportables
Si la majorité des legaltech françaises ne s'adressent qu'au marché français (60,2 %), ce chiffre est en nette diminution par rapport à l'année précédente (72,1 %, en 2019).
Autre bon indicateur en termes de scalabilité, la nette progression en 2020 des start-up qui ont prévu d'exporter leur solution hors de l'hexagone (trois fois plus que l'année dernière), que ce soit en Europe (20,5 %) ou hors Union européenne (18,1 %).
Les entreprises, toujours principales clientes
Si d'année en année, la part des solutions destinées aux particuliers recule (42,6 % en 2018 et 9,6 % en 2020), la proportion des clients « entreprises » reste stable : un client sur deux est une entreprise (47,1 % en 2019 et 49,4 % en 2020).
Les avocats représentent pour leur part 25,3 % des clients (20,6 % en 2019). Les notaires, 7,2 % et les huissiers, 2,4 %.
Le bond de la digitalisation des professionnels du droit
La proposition de valeur recherchée principalement par les clients, c'est la digitalisation des processus métiers, service en constante progression ces trois dernières années. Sont visées ici les start-up qui proposent une solution facilitant le quotidien des professionnels du droit : plateforme de gestion de projet partagée entre plusieurs acteurs, suivi des sociétés, gestion des contrats, dataroom numérique, etc.
L'année dernière cette offre de valeur correspondait à 19,1 % des services commercialisés (versus 12 % en 2018). En 2020, c'est 42,2 %.
Les legaltech engagées dans la RSE ?
Une start-up sur quatre a initié une démarche RSE (25,3 %). Une donnée difficile à mettre en perspective faute de chiffres sur l'approche RSE des autres start-up françaises (fintech, proptech, healthtech, etc.). Il révèle néanmoins la volonté de ces start-ups de s'impliquer en faveur d'un développement responsable.
Un engagement non neutre, important tout autant pour les clients, surtout quand ceux-ci sont des entreprises (elles doivent alors intégrer dans leur propre démarche RSE celles de leurs sous-traitants), que pour les investisseurs (qui regardent de plus en plus ce critère).