Le Conseil, interlocuteur de confiance de l’équipe juridique

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Martine Walliman, Directeur juridique Europcar, fait part de son expérience avec les conseils extérieurs.

J’ai le redoutable honneur de vous faire part, en quelques mots, de mon expérience avec les conseils extérieurs. Je vais me concentrer sur les avocats et les recruteurs : l’activité de « mes » entreprises (celles pour lesquelles j’ai travaillé ou je travaille en tant que juriste d’entreprise) requiert peu de faire appel à des notaires, huissiers, et autres experts, sauf de façon très ponctuelle.

Recruteurs – D’après mon expérience, il est bien préférable de passer par un recruteur spécialisé pour des postes de juristes un peu expérimentés (à partir de 5 ans d’expérience) : on gagne en temps, qualité et fluidité. Nonobstant les excellentes relations que j’ai depuis plusieurs années avec mes collègues de Ressources Humaines, la recherche directe finit par peser directement sur l’équipe juridique interne car le métier de juriste est mal connu en fait, et les RH ont une expérience forcément limitée dans l’évaluation des parcours de juristes. Dans ce cas, qui appeler ? Les deux ou trois conseils préférés avec qui on s’entend bien, même si on travaille épisodiquement ensemble. Cela permet une mise en concurrence absolument impérative au titre des divers contrôles de l’entreprise (compliance, budget), tout en ayant le confort d’un interlocuteur qui vous connait ou vous a connu, … candidat ou client … ! Pour les postes lourds, le dialogue avec DRH et DG est impératif pour choisir le cabinet adéquat en fonction des sensibilités de chacun.

Avocats – Les situations sont plus variées. D’une façon générale, j’organise l’activité juridique de l’entreprise en internalisant autant que faire se peut, ce qui se rapporte au(x) cœur(s) de métier, en conséquence, hors cas de contentieux, le recours à des conseils peut être résumé dans le cadre de quatre situations principalement :

  1. Une intervention rapide est nécessaire, avec des ressources importantes et dédiées, cas typique de due: c’est alors très simple. Le couple efficacité/prix est l’élément déterminant dans le choix du conseil. L’approche est similaire à celle retenue dans les audits financiers.
  2. Une opération particulière et lourde intervient, acquisition, cession, financement par exemple. L’essentiel de l’intervention juridique ponctuelle est externalisée auprès de conseils très spécialisés avec des équipes; le choix des conseils en question résulte le plus souvent d’une sélection à laquelle participe actionnaires, direction générale ou banques, auprès d’un nombre assez limité d’équipes spécialistes sur le marché. Selon la « personnalité » des équipes retenues, la relation avec l’équipe juridique interne est plus ou moins aisée voire constructive. En tout état de cause, il est essentiel que l’équipe juridique interne, qui est forcément en taille considérablement plus limitée que les équipes des conseils sur une telle opération et souvent moins pointue en termes de technique juridique, puisse néanmoins suivre l’opération et en comprendre les principaux aspects. Cela permet d’anticiper la gestion de la nouvelle structure ou du nouveau montage dans l’entreprise prise dans son ensemble. L’équipe juridique interne est en effet, post transaction, l’un des interlocuteurs privilégiés dans l’entreprise pour expliquer la structure de la transaction, mettre en place les processus de suivi des engagements pris, former les autres fonctions. 
  3. Un besoin ponctuel apparait, pour un sujet qui peut être important, et qui nécessite une expertise juridique spé: par exemple le bail à construction pour un nouveau siège social. L’expertise interne n’existe pas et il est souvent inutile ou inefficace de la créer. Le conseil qui est choisi intervient alors très directement dans le dossier. La relation avec l’avocat concerné est, pour un temps, similaire à celle qui s’établit avec une personne de l’équipe juridique interne, en charge d’un secteur particulier. L’intuitu personae est fort, allié à expertise technique pointue.
  4. L’entreprise internalise ou développe fortement une compétence juridique qui n’existait pas ou peu auparavant, si possible par promotion; dans ce cas, pendant un certain temps, qui peut durer plusieurs mois, voire 2 ou 3 ans, je travaille avec un conseil spécialiste du domaine, qui va accompagner à la fois la formation du ou des juristes internes concernés, la définition d’une politique juridique adaptée au sujet, et bien sûr intervenir ponctuellement sur les dossiers. C’est une relation long terme gagnant-gagnant : le conseil devient l’interlocuteur de confiance de l’équipe juridique pour plusieurs années, aide à la maturation des expertises et intervient de façon de plus en plus pointue. C’est un mode d’intervention que j’ai développé à plusieurs reprises dans différents domaines, différentes entreprises et c’est très enrichissant, humainement et intellectuellement.

Martine Walliman, Directrice juridique Europcar

A propos

jem12Cet article provient du numéro 12 de Juriste Entreprise Magazine (JEM), magazine de l'Association Française des Juristes d'Entreprise (AFJE) dont le dossier spécial est consacré à la 42 ème assemblée générale de l'AFJE.

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